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  • Publié le 2 juin 2022

Crise de foi dans le bouddhisme thaïlandais

Depuis 20 ans, à mesure que la société thaïlandaise évolue et que le comportement douteux de divers chefs religieux bouddhistes est exposé au grand jour, de moins en moins de personnes de moins de 20 ans optent pour la vie monastique. La pertinence du bouddhisme dans la vie quotidienne est de plus en plus sujet à débat dans les médias et dans la société.

En Thaïlande, le « pays du sourire », le bouddhisme fait partie de l’identité du pays, mais ces derniers temps, il est soumis à une pression croissante. Non seulement l’évolution des modes de vie, mais aussi le comportement douteux de certains chefs religieux poussent de nombreuses personnes à abandonner la foi et à quitter les temples et les monastères. Un nombre décroissant de jeunes Thaïlandais de moins de 20 ans optant pour la vie monastique est symptomatique de cette situation. La durée de plus en plus courte des expériences monastiques temporaires, aussi. De même, les ordinations permanentes sont en baisse et de plus en plus de moines troquent leur robe orange pour des vêtements civils. Bien que les autorités affirment toujours que les moines représentent une communauté de 300 000 personnes sur une population de 70 millions d’habitants, leur nombre est très probablement bien inférieur. La perte d’intérêt pour la religion s’est accélérée au cours des 20 dernières années pour diverses raisons. Parmi elles, il y a d’abord les comportements douteux voire même criminel des moines et chefs religieux.

Scandales en cascade

Ainsi, d’après des révélations récentes des médias locaux, la consommation d’alcool et la toxicomanie semblent être courantes chez certains moines en Thaïlande, malgré les interdictions monastiques. En janvier, un moine bouddhiste de 40 ans a été arrêté pour avoir utilisé et vendu des pilules de méthamphétamine dans un village de la province de Chaiyaphum. Le 15 mars 2022, un autre moine très connu et respecté a été inculpé de conduite en état d’ivresse et de possession de substances stupéfiantes illégales : Luang Pu Tuanchai, célèbre pour ses prédictions et ses visions, a brûlé un feu rouge au volant de sa camionnette dans la province de Mukdahan, dans l’est de la Thaïlande. Il ne s’est pas arrêté lorsque la police lui en a donné l’ordre. Celle-ci s’est lancée à sa poursuite, mais il lui a fallu beaucoup de temps, une vingtaine de kilomètres, avant de réussir à arrêter le moine. Un contrôle d’alcoolémie a révélé que le religieux avait un taux élevé et une fouille, qu’il transportait 37 pilules de méthamphétamine dans sa robe. Le moine a été autorisé à s’allonger pour se dégriser avant d’être conduit au doyen des moines du district pour être défroqué, puis au poste de police pour une procédure judiciaire, a rapporté un journal local. Luang Pu Tuanchai a acquis une renommée nationale en 2020 lorsqu’il a affirmé avoir eu des visions dans lesquelles l’identité de la personne qui avait assassiné une fillette de trois ans lui a été révélée. À la suite de cet événement mettant en jeu des pouvoirs surnaturels, des légions de fidèles se sont précipités pour le rencontrer espérant qu’il leur révélerait les numéros gagnants de la loterie.
La chute de Luang Pu Tuanchai n’est que le dernier en date d’une longue série de scandales qui ont éclaboussé les moines thaïlandais de haut rang dans ce pays majoritairement bouddhiste où les membres du clergé jouissent toujours d’un grand respect. De nombreux moines, y compris des abbés de monastères, ont été inculpés ces derniers mois et même ces dernières années pour divers délits allant du détournement de fonds au trafic de drogue et du détournement de mineur au meurtre.

Crise de confiance

L’extrême désinvolture avec laquelle de nombreux moines et monastères ont accumulé des richesses ces dernières années a aussi largement entamé la confiance de la population vis à vis des moines et des institutions bouddhiques.
Une autre raison de la crise est que le bouddhisme thaïlandais semble incapable de se renouveler. Beaucoup accusent le Sangha, l’ordre bouddhiste de Thaïlande, qui est régi par le Conseil suprême du Sangha, d’être trop attaché à des règles, des bureaux et des pratiques formels, plutôt qu’au précepte bouddhiste de non-attachement. Il est également évident qu’il y a un problème de méthodes et de langage pour diffuser le message bouddhiste à l’ère d’Internet et des médias sociaux.
« Ignorer ces stimuli de changement risque de faire du bouddhisme une forme sans substance », déclare Woraphat Phucharoen de la Fondation Bojjhanga, une organisation qui propose les dernières méthodes dans les domaines de l’enseignement, de la méditation et de la pratique religieuse. Pour le professeur Soraj Hongladarom, du département de philosophie de la faculté des arts de l’université Chulalongkorn, « en Thaïlande, on entend parler de politiques chaotiques dans les organisations religieuses. Cela rend les gens sceptiques quant au rôle des moines dans la société ». Seule la retraite spirituelle conserve encore un attrait pour les fidèles et ménage leur confiance dans le message du bouddhisme.

Illustration : L’ancien « moine proxénète » thaïlandais en jet privé inculpé pour viol, blanchiment d’argent et trafic de drogue. Source : média social

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