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  • Publié le 11 mai 2023

L’église catholique déploie un nouveau celebret pour certifier ses prêtres

Avec l’ambition de « faire de l’église un lieu sûr », l’Église catholique de France a annoncé ce mercredi la mise en place en France d’une carte d’identification et de celebret pour tous les diacres, prêtres et évêques. Consultable par l’ensemble du personnel ecclésial, ce certificat d’habilitation cléricale n’est cependant pas accessible aux fidèles.

En novembre 2021, un mois après la remise du rapport de la CIASE, les évêques réunis en Assemblée plénière à Lourdes votent un ensemble de mesures afin de poursuivre et d’intensifier la lutte contre les violences sexuelles dans l’Église. Parmi elles, la mesure 2.3 [1], acte la mise en place d’un modèle national de celebret pouvant être mis à jour régulièrement destiné à tous les diacres, prêtres séculiers ou religieux et évêques. Mercredi 10 mai, lors d’une conférence de presse au siège de la CEF, Monseigneur Alexandre Joly, évêque de Troyes et porte-parole de la CEF et Ambroise Laurent, Secrétaire général adjoint de la CEF en charge des affaires économiques, sociales et juridiques, ont présenté un nouveau dispositif qui intègre à une nouvelle carte d’identification un celebret digital accessible par QR code ou par internet.

Identité et habilitation cléricale

Concrètement, le nouveau dispositif se présente sous la forme d’une carte d’identification personnelle d’une taille identique aux nouvelles cartes d’identité et sur laquelle est imprimé un QR code. Flashé avec un smartphone, il donne accès au celebret. Jusqu’ici, ce document officiel et administratif de l’Église (qui en application du droit canonique atteste du droit à célébrer les offices et à donner les sacrements comme la confession par exemple), était imprimé sur papier et donc possiblement falsifiable et surtout compliqué à mettre à jour. « Quand j’ai été ordonné prêtre j’ai reçu une petite carte comme-celle-ci » commente Monseigneur Joly en montrant son celebret « et pour ma part je n’ai eu un qu’un seul document en 25 ans » ajoute-t-il pour justifier de l’intérêt de cette nouvelle carte qui permet à son porteur de certifier en temps réel, par le biais du flash-code, son habilitation à occuper sa fonction et le cas échéant, si elle est restreinte, à en informer facilement un tiers demandeur (sacristain, responsable de pèlerinage,...).
Pour cela, les concepteurs de l’application ont choisi de classer les niveaux d’habilitation du celebret par trois couleur : vert, orange et rouge. Si le flash-code fait apparaître un écran vert (bleu pour les diacres) cela indique que le celebret n’a pas de restriction. Son détenteur est réputé sûr et peut célébrer les offices et donner tous les sacrements. Si la couleur de l’écran est orange (celebret ex parte), le prêtre ne dispose pas de tous ses droits. Dans ce cas il doit entrer un code pour faire apparaître le celebret et ses habilitations et restrictions [2]. « Le sacrement dit quelque chose de dieu » rappelle l’évêque de Troyes « il faut donc pouvoir certifier que celui qui officie est en droit de le faire ».
Les causes d’un affichage orange peuvent être multiples. Ambroise Laurent en énumère plusieurs. Il cite le cas d’une sanction civile ou canonique (précisant que le celebret ne la spécifie pas), mais aussi celui des jeunes prêtres qui durant leur première année n’ont pas le droit de donner la confession. Il rappelle également que le prêtre n’est cependant pas obligé de le faire et indique que le celebret vert concerne 95 à 98 % des cas.
Quand l’écran est de couleur rouge, le détenteur n’a aucune habilitation. « Il peut s’agir de quelqu’un retiré du service clérical » précise encore Ambroise Laurent.
À noter que si une fois le QR code flashé, l’écran du smartphone reste noir c’est que la mise à jour annuelle de la situation du détenteur dans la base de données nationale tenue par la CEF (en lien avec la CORREF), n’a pas été faite. Car si la carte d’identification n’a pas de limite de validité, sauf en cas de changement de lieu d’incardination, les données auxquelles le QR code donne accès doivent être actualisées annuellement ou dès la notification d’un incident. Cette actualisation est faite à partir des informations transmises par les diocèses, via les évêques et les chanceliers pour les prêtres diocésains, et par les supérieurs majeurs pour les prêtres religieux.

Une certification interne

Ce dispositif national, inspiré des cartes ou badges professionnels donnant accès à différents niveaux d’habilitations, concernera donc tous les prêtres, religieux et diocésains incardinés en France y compris ceux effectuant leur mission en France, ainsi que les diacres permanents. Il a déjà été remis aux évêques lors de la dernière assemblée de printemps. Actuellement, le travail de collecte des données concernant les 13 000 prêtres français, séculiers et réguliers, et les 3 000 diacres permanents est en cours. Une fois la collecte et la saisie des informations achevées, les cartes d’identification seront émises. Puis, après avoir enregistré les éventuelles restrictions, chaque diocèse ou congrégation religieuse les remettra aux prêtres et diacres. Cette phase déjà commencée se poursuivra vraisemblablement jusqu’à la fin de l’année.
Moyen d’homogénéiser le document entre les diocèses, mais aussi de mettre à jour en temps réel des habilitations et restrictions, ce système n’est pas accessible aux fidèles et aux simples croyants, pourtant les premiers concernés par la lutte contre la pédophilie au sein de l’Église. Ainsi, un fidèle qui souhaiterait demander à un prêtre son celebret avant de se confesser, ne le peut pas.
Les associations de victimes et les fidèles pourront sans doute regretter que cette authentification interne au personnel ecclésial s’effectue en amont et de devoir continuer à faire une confiance aveugle à l’institution alors que la possibilité, l’outil pour les rassurer pleinement, pour rétablir la confiance, existe. Il leur reste à souhaiter, comme Mgr Joly l’a appelé de ses voeux « que l’habitude de demander le celebret s’installe et que celle de le présenter spontanément aussi. »

[1« Les évêques de France décident pour tous les prêtres (séculiers et religieux) l’instauration d’un modèle national de celebret mis à jour régulièrement, avec indication de la faculté de confesser. »

[2Les habilitations et les restrictions éventuelles, accessibles par code confidentiel détenu par le clerc sont : célébrer l’eucharistie en public ; prêcher ; baptiser ; confesser / avoir des entretiens pastoraux en tête à tête (avec mention du public restreint le cas échéant (les hommes/femmes/garçons/filles/hors congrégations- instituts) ; préparer et célébrer des mariages ; préparer et célébrer l’onction des malades ; célébrer des funérailles ; encadrer seul des groupes de jeunes ; se trouver seul avec un mineur même en espace visible ; participer à des émissions retransmises par radio, télévision ou internet.

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