«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

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  • Publié le 8 mars 2021
  • Mise à jour: 12 mars 2021

La Suisse interdit le port du voile intégral dans l’espace public

Dimanche 7 mars, les Suisses ont voté à une courte majorité en faveur de l’interdiction de se dissimuler le visage dans l’espace public. Le texte, initialement proposé par le parti populiste de droite UDC, a obtenu 51,21% des voix et une majorité de cantons, selon les résultats officiels publiés par le gouvernement fédéral.

Signal contre l’islam radical pour les uns, une initiative xénophobe et sexiste pour les autres, le texte qui n’évoque ni la burqa ni le niqab a été largement soutenue par des féministes et par une partie des électeurs de la gauche laïque. Il est vrai que les affiches de campagne pour la votation de ce dimanche ne laissaient pas de doute sur l’objet du referendum. En votant contre le port du voile intégral dans l’espace public, la Suisse rejoint la France, l’Autriche, la Bulgarie, la Belgique et le Danemark, après des années de débat. Il sera donc désormais interdit de se couvrir complètement le visage en public ce qui vaut aussi pour des manifestants cagoulés- mais des exceptions sont prévues pour les lieux de culte par exemple.

Le résultat a évidemment réjoui Marco Chiesa, le président de l’UDC Suisse, parti à l’origine du texte. « Nous nous réjouissons. Nous ne voulons pas qu’il y ait un islam radical dans notre pays », a-t-il déclaré sur la chaîne Blick.tv. Pour Mohamed Hamdaoui, député au Grand Conseil bernois et fondateur de la campagne « À visage découvert », ce résultat « est un immense soulagement ». Selon ce membre du PS qui se revendique musulman laïque cela a été « l’occasion de dire stop à l’islamisme » et pas « aux musulmans, qui ont évidemment toute leur place dans ce pays », a-t-il déclaré à l’agence ATS.

Côté opposants, le port du voile intégral n’est pas un sujet en Suisse où l’on estime à seulement quelques dizaines les femmes le portant, surtout de riches touristes fréquentant les boutiques chics de Genève ou Zürich. Le « oui » risque de « banaliser l’ambiance xénophobe et raciste à l’encontre des musulmanes », a regretté Myriam Mastour, membre du collectif Les Foulards Violets sur la chaîne publique RTS. Dans un communiqué Cyrielle Huguenot, responsable des droits des femmes à Amnesty International Suisse déplore l’interdiction du voile intégral qui selon elle « n’est pas une mesure visant la libération des femmes. Il s’agit au contraire d’une dangereuse politique symbolique qui viole la liberté d’expression et de religion ».

Selon les chiffres de l’Office des statistiques de 2019, environ 5,5% de la population suisse est musulmane. En 2009, les Suisses avaient déjà voté l’interdiction de la construction de minarets sur les mosquées, provoquant la colère dans les pays musulmans et l’approbation des partis nationalistes européens. Le gouvernement fédéral et le parlement étaient opposés à la mesure votée dimanche.

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