«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

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  • Publié le 8 octobre 2021
  • Mise à jour: 14 octobre 2021

Pas de pardon sans aveu

La profonde réforme que doit engager l’Église catholique après la révélation du rapport Sauvé, des chiffres effrayants de la pédocriminalité et l’importance (sous-estimée pour certains) du phénomène ne doit pas être seulement liturgique mais avant tout alèthurgique, c’est à dire être celle de l’ensemble de ses procédures de manifestation de la vérité, de la formulation rituelle et complète de la vérité, qu’elle soit celle du clergé ou des fidèles, celle de la foi et de ce qui lui fait face, s’y oppose tout en la nourrissant, celle de la confession des fautes et des péchés. Ces révélations du rapport de la Ciase jettent l’institution catholique dans la tourmente d’une réforme de la vérité qui doit être absolument menée en admettant qu’elle concerne d’abord les religieux avant de s’appliquer à leurs fidèles.

Dans la religion catholique, le noyau de ces procédures se trouve être la confession qui est inséparable de l’aveu, et organise un lien solide et stable entre la conviction de la foi (la croyance obtenue par une démonstration convaincante, la persuasion) et l’aveu de la confession pénitentielle. Soyons plus clair sur cette manifestation de la vérité dans la confession chrétienne et sur cette articulation entre aveu et confession. L’acte de vérité que l’on peut dire réfléchi : « voilà ce que j’ai fait, voilà ce qui dans le fond de ma conscience s’est passé, voilà quelles intentions j’avais, voici ce qui, dans le secret de ma vie ou dans le secret de mon coeur, a constitué ma faute ou a constitué mon mérite, etc... », c’est bien sûr ce que l’on appelle l’aveu. L’aveu est avant le sujet qui avoue. L’aveu est d’abord le sujet et non pas le sujet de l’aveu (celui qui avoue). Aussi, bien sûr, cette dernière manifestation de la vérité, comme tout acte de vérité a un coût, celui de son énonciation, de la confession au terme de laquelle surviennent le pardon et l’absolution.
La confession de péchés lie l’injonction du « j’ai commis une faute, je dois expier » à la confession de foi, l’affirmation d’un croire « je crois, j’atteste qu’il y a un Dieu » qui conduit à la confession. À cela s’ajoute que la forme d’un simple examen de soi à soi, se complète d’un rapport complexe à un autre, ou à d’autres, ou ici à la communauté ecclésiale. Un clergé qui impose ainsi le cadre de son savoir, de son expérience et de ses connaissances, aussi bien morales que théologiques. Il se forme ainsi autour de l’aveu et de son secret, comme pièce centrale de la pénitence catholique, tout un mécanisme où le pouvoir et le savoir du prêtre et de l’Église se trouvent impliqués. C’est là l’économie centrale et générale de la confession pénitentielle telle qu’elle est fixée au milieu du Moyen Âge et telle qu’elle fonctionne encore maintenant. La preuve en est apporté avec la déclaration du 6 octobre sur Franceinfo de Mgr Éric de Moulins-Beaufort : « Le secret de la confession s’impose à nous et il s’imposera... En ça il est plus fort que les lois de la République »,. Pour ces propos, il a été finalement été convoqué mardi prochain par Gérald Darmanin afin de s’en expliquer.

Revoir le secret de la confession est une des recommandations (N°43) majeures de la Ciase et un attendu pour la société tout entière : la justice des hommes et celle de Dieu ne doivent faire qu’un. Dieu et ses représentant n’ont pas de prérogative en matière de justice. Le secret de la confession en cas d’agression sexuelle, de crimes et délits, ne fait d’eux que les receleurs du Mal, du vol de la Vie d’autrui. Il est évident que l’abolition du secret de la confession dans le cas d’agissements délictuels et de pédocriminalité est essentielle pour soutenir l’édifice de la manifestation de la vérité et mettre fin aux agissements et à la situation terrifiante révélée par la Ciase.
D’ailleurs, en France, le Code pénal impose à « quiconque ayant connaissance (...) d’agressions ou atteintes sexuelles infligés à un mineur ou à une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge » d’en informer les autorités judiciaires ou administratives. Le non-respect de cette loi est passible d’une peine de prison et d’une amende.
La loi est extrêmement claire à ce sujet : le secret professionnel. L’article 434-3 du code pénal stipule que « le fait, pour quiconque ayant connaissance d’agressions ou atteintes sexuelles infligés à un mineur de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives ou de continuer à ne pas informer ces autorités tant que ces infractions n’ont pas cessé est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende. » Une peine qui monte jusqu’à « cinq ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende » pour des faits qui concerneraient un mineur de moins de 15 ans. Une loi dont ne sont pas exempts les hommes d’Église, d’abord citoyens Français.

Dans un communiqué, le président de la Conférence des Évêque de France a indiqué qu’il avait accepté ce qu’il qualifie d’« invitation » du ministre de l’Intérieur ajoutant que « Ce sera pour lui l’occasion de rappeler qu’aujourd’hui, le secret de la confession, imposé aux prêtres par le droit canonique, n’est pas contraire au droit pénal français, comme le souligne la circulaire de la chancellerie du 11 août 2004 » (sur le secret professionnel des ministres du culte), est-il indiqué dans ce communiqué. Visiblement l’application des lois de la République dans le cadre religieux est aussi un point encore très mal appréhendé par l’épiscopat catholique. À quelques jours de la commémoration de l’assassinat du professeur Samuel Paty par un individu qui plaçait les lois de l’islam au dessus de celle de la République, espérons que Mgr Éric de Moulins-Beaufort mettra de l’eau dans son vin sur ce sujet. Car après son pardon demandé publiquement, sans avoir lui-même fait d’aveu et de confession publique sur les dérives terribles de son Église, mais l’avoir fait faire par un tiers, la commission Ciase, « le calice est plein » pour beaucoup de français qu’ils soient de confession catholique ou non.

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