«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

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  • Publié le 5 mars 2021

Quelques sujets à votre réflexion

Laïcité  : Selon Jean-Louis Bianco, Président de l’Observatoire de la laïcité : « lorsqu’elle est bien comprise et bien appliquée, la laïcité est un trésor et un formidable outil de cohésion nationale, tel un outil de maçon pour construire la maison commune. » (Préface du livre de Nicolas Cadène En finir avec les idées fausses sur la laïcité - Éditions de l’Atelier). Nous écouterons donc avec intérêt leur réaction d’observateurs avertis au dernier sondage Ifop pour la Licra qui montre pour la première fois des jeunes majoritairement favorables au port de signes religieux ostensibles (voile, kippa, … ) dans les lycées : le sondage indique que c’est le cas de plus d’un lycéen sur deux (52 %), soit une proportion deux fois plus grande que dans la population adulte (25 %). Il est à noter que les auteurs du rapport pointe que cet écart entre les lycéens et le reste de la population se retrouve dans leur net soutien au port de tenues religieuses par des parents accompagnateurs : à 57 %, contre 26 % chez l’ensemble des Français. C’est donc d’évidence pour le ministère de l’éducation et le législateur, une question à travailler et à trancher définitivement. Car si l’on en croit le commentaire de l’étude fait par François Kraus, directeur du pôle « politique / actualités » au Département Opinion de l’Ifop : « Au regard du double clivage mis en exergue par cette enquête - celui entre les jeunes et le reste des Français d’une part, celui entre les jeunes musulmans et le reste de la jeunesse d’autre part - il est difficile de ne pas avoir des doutes sur la pérennité de la loi de 2004 : son assise politique ne pouvant que s’effriter au fil des années... ». En raison, explique-t-il, de la démographie en croissance des jeunes musulmans (18% chez les nouveau-nés masculins en 2016, contre 8% en 1997 [1]), mais également souligne-t-il, par la primauté donnée au respect de la liberté de choix de chacun, au droit à la différence qui constituerait désormais l’un des piliers moral d’une génération, plus proche des droits fondamentaux que du droit positif, adepte d’un certain relativisme des valeurs et un grand respect pour les minorités, ce que prône également la laïcité dite « inclusive ». Au fond cette jeune « génération offensée » comme la décrit Caroline Fourest, est désormais plus prompte à se réfugier et à se positionner côté « croyant », que côté « République », sans doute assez amère de « belles promesses républicaine » qui peine à se concrétiser dans la loi comme sur le terrain, abandonnées, remises à plus tard ou encore jamais tenues.

Fin de vie : La sénatrice de Paris, Marie Pierre de la Gontrie, s’apprête à défendre le 11 mars prochain une proposition de loi « visant à établir le droit à mourir dans la dignité [2] » et qui introduit la notion « de droit à l’aide active à mourir ». La proposition s’inspire des travaux réalisés par l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) pour proposer un texte de proposition de loi qui place, étonnamment une nouvelle fois, le droit à mourir dans la dignité, dans le contexte des soins palliatifs. Mais le droit à l’aide active à mourir est-il un soin palliatif ? Il me semble que non... C’est en général, comme dans l’idée de cette proposition de loi, d’abord un choix du malade et non du médecin. Par ailleurs c’est un acte létal, que l’on peut difficilement qualifier de soin. C’est pourquoi il faut sans doute penser le Droit à Mourir dans la Dignité hors de ce régime, mais toujours pratiqué dans le cadre d’un service au malade rendu à l’hôpital ou à la maison. Une autre bonne raison, plus pratique, de ne pas lier cet acte aux soins palliatifs, c’est que le niveau d’offre des soins palliatifs, comme le rappelle la proposition de loi en citant le rapport du Conseil économique social et environnemental du 10 avril 2018, et selon lequel « l’offre de soins palliatifs demeure en France quantitativement insu sante au regard des besoins actuels et de leur évolution prévisible à moyen terme » En subordonnant l’idée à des politiques publiques de santé qui peinent à se faire face, la proposition ne s’affaiblit-elle pas elle-même.

Ce serait dommage parce que cette proposition de loi fait un vrai pas en avant sur un sujet qui nous intéresse tous, la fin de vie dans la dignité. N’est-ce pas le seul chemin commun à tous les humains que celui d’apprendre à mourir, d’avoir à accepter cette vulnérabilité essentielle et existentielle de notre condition humaine ? Et faut-il attendre d’être mourant, malade ou endeuillé pour expérimenter cette radicalité de notre condition ? Certes quand le malheur nous saisit la question qui traverse l’esprit devient parfois : pourquoi cela m’arrive et n’arrive pas aux autres (question qui peut d’ailleurs être : mais pourquoi cela arrive aux autres et pas à moi) ? Cette question n’est-elle pas celle qui permet-elle de passer de la faille sur laquelle il évolue (la maladie) à la faute (la découverte en même temps que rien ne peut la recouvrir) ? Ce passage est celui de la construction religieuse de la culpabilité si fortement élaborée par la théologie chrétienne et qui nous à mène au cœur du sujet et à sa question essentielle : comment comprendre et effacer cette construction religieuse et l’idée de faute originelle (ce péché qui est montré comme la faille de la nature humaine, la cause de sa finitude), comment faire sauter ce verrou invisible et ouvrir la porte à un droit à mourir véritablement humain, autonome, à une vulnérabilité humaine totalement et pleinement acceptée (et acceptable) ?

Une partie de la réponse se trouve dans les questions que posent aujourd’hui les traditions religieuses à la fin de vie et au droit à mourir, reposent sur une critique de la manière avec laquelle la société moderne aborde le sens de la mort. Les religions mettent l’accent sur la tension caractéristique de l’expérience humaine : tension entre le corps et l’esprit, l’ici maintenant et l’avenir, l’immanence et la transcendance, la finitude et l’infini. Mourir, c’est terrible à dire, mais c’est le cœur de cette expérience. C’est pourquoi la fin de vie constitue une étape centrale dans l’histoire de la personne. La société moderne met plutôt l’accent sur le contrôle à exercer au moment de la mort : contrôle de l’individu sur le moment de sa mort et contrôle de la médecine sur les traitements à offrir ou non. Le poids qu’exercent les traditions religieuses dans le débat sur la fin de vie tient à ce qu’elles considèrent que la mort ne prend un sens que dans la capacité de l’être humain de se dessaisir de lui-même pour faire face à une modernité qui lutte pour contrôler la mort jusqu’au bout, et pour qui la mort est un non-sens. Il faut retenir que dans les religions (du Livre) ce n’est pas le corps qui est sacré, c’est la volonté de Dieu.

Femmes dans l’église catholique : Pour avis aux catholiques français, l’information ayant assez peu reprise, fin février, au moment où se tenait la réunion exceptionnelle de la Conférence des Évêques de France à propos des actes de pédophilie et d’abus d’autorité dans l’Église, en Allemagne, Beate Gilles, une théologienne de 50 ans, est devenu la première femme à diriger le secrétariat des évêques. La conférence des évêques allemands l’a élu au poste de secrétaire général lors d’une assemblée virtuelle qui s’est transformée en une réunion de crise centrée sur le traitement des abus sexuels par l’Église allemande, à nouveau plongée dans la tourmente. Son mandat débutera le 1er juillet 2021.

Loi confortant le respect des principes de la République  : l’abrogation de l’article 35 de la loi de 1905 prévue dans le texte du gouvernement et votée en première lecture par l’Assemblée nationale a animé le Sénat cette semaine. Cet article, jamais appliqué, faisait partie des dispositions de police des cultes, réprimant notamment l’appel à la « sédition » commis par un ministre du culte dans un lieu de culte. Sédition, séparatisme... L’interrogation sur l’abrogation par le gouvernement de l’article 35 soulevée par les sénateurs va faire sans doute faire couler beaucoup d’encre... Nous y reviendrons notamment pour s’interroger si cette abrogation de l’article 35 n’est pas le présupposé à l’existence du texte... et donc ce qui l’interroge.

[1Jérôme Fourquet L’Archipel français, Points, septembre 2020. p 190

[2N° 131 enregistrée à la présidence du Sénat le 17 novembre 2020

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