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Séparatisme : Le séminaire des coordonnateurs des équipes académiques Valeurs de la République s’empare du sujet et pointe une situation préoccupante de la laïcité et du dénigrement des savoirs dans l’École de la République

Seize ans ont passé depuis le premiers rapport de 11 inspecteurs de l’Éducation nationale sur « les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires ». La situation a bien évolué et le ton aussi. Jean-Michel Blanquer, qui a réuni ce mardi 13 octobre les coordonnateurs des équipes académiques Valeurs de la république dans le décor majestueux du grand amphithéâtre de la Sorbonne, dresse un constat préoccupant des effets du séparatisme islamiste sur le sytème éducatif. Avec 935 signalements enregistrés entre septembre 2019 et mars 2020 et une tendance à la hausse, l’école est en passe d’ouvrir un nouveau front dans la bataille que le dogme des islamistes livre à la laïcité française, et pire encore, un lieu du dénigrement des savoirs et des valeurs de la République.

Comment en est-on arrivé là ?

Ce mardi matin, le grand amphithéâtre de la Sorbonne est loin d’être plein mais parmi les 400 coordonnateurs des équipes Valeurs de la République ils sont tout de même nombreux à être venus écouter et témoigner des atteintes à la laïcité qui émaillent leur quotidien (violences, insultes, port de signes religieux ostentatoires, refus d’activités sportives ou culturelles, remise en cause des enseignements, prosélytisme) et qu’ils s’appliquent à faire remonter au ministère.
Mais comment en est-on arrivé là ? La question est dans toutes les têtes et c’est avec elle que Jean-Pierre Obin, ancien inspecteur général de l’Éducation nationale et auteur de Comment on a laissé pénétrer l’islamisme à l’école, débute son intervention. À la tribune comme dans son ouvrage, il ne mâche pas ses mots : « Il était temps. Nous sommes enfin sortis du déni des responsables politiques et institutionnels. C’est la fin de la lâcheté ». En 2004, il faisait partie des 11 inspecteurs généraux de l’Éducation nationale qui ont remis ce fameux rapport qui alertait, pour la première fois, sur les atteintes à la laïcité. Trop brûlant, le document avait eu droit à un enterrement de première classe.

Une situation préoccupante qui envahit toute l’école

935 signalements d’infractions ou d’atteintes à la laïcité ont été recensés par l’Éducation nationale entre septembre 2019 et mars 2020. Si le contexte de la crise sanitaire, la fermeture des écoles et des établissements durant le confinement et la reprise progressive de l’activité à partir de juin 2020 expliquera la baisse du nombre de signalement sur l’année scolaire 2019-2020, le confinement n’a rien arrangé. Au contraire, d’autres formes d’infraction à la laïcité sont apparues lors des classes virtuelles ouvertes par le CNED durant le confinement [1]. Des atteintes beaucoup plus difficiles à réprimer a souligné le ministre qui en a donné quelques exemples dans son discours : appels à la prière en « live » (Poitiers), des chants religieux (Aix-Marseille), port d’une tenue contrevenant à l’article L. 141-5-1 du code de l’Education (Créteil), diffusion du message « on va mourir pour Allah » (Aix-Marseille), et même jusqu’à l’insert d’images de décapitation (Normandie). En septembre 2020, un dispositif de sécurisation a été mis en place par le CNED. Il devrait permettre d’éviter ce type d’agressions à l’avenir. Tout de même, les faits les plus graves, de ce que le rapport nomme « chahut numérique » ont conduit à 102 dépôts de plainte (tous les types de faits confondus) par des enseignants ou des chefs d’établissement.
Mais les académies ne sont pas touchées de manière identique. Plus de la moitié des signalements d’atteintes à la laïcité (53 %) émane de six d’entre elles : Créteil, Grenoble, Normandie, Toulouse, Versailles et Nice. Par ailleurs si elles concernent toujours en premier lieu les collèges avec 45 % des signalements, loin devant le lycée où elles semblent régresser (18 %), elles n’épargnent plus l’école primaire (37 %). Les auteurs des faits recensés sont en majorité des élèves (57 %), mais de plus en plus, aussi, des parents (22 %) sans oublier le personnel (12% en légère régression). Le ministre Blanquer a résumé la tendance d’une phrase : « Les atteintes progressent de la part de parents d’élèves du premier degré ». C’est donc désormais toute l’école qui est confrontée au phénomène.

L’école devient le lieu d’affrontement du dogme et du dénigrement des savoirs

Le mal est profond. En 2018, 38 % des professeurs affirmaient avoir déjà été contestés dans leur enseignement, 37 % reconnaissaient même qu’ils s’autocensuraient. Difficile par exemple d’étudier sereinement les États-Unis, ennemis des musulmans », voire les sciences et vie de la Terre quand, selon une étude du CNRS, 6 % des élèves musulmans et 30 % des élèves catholiques seulement admettent la théorie de l’évolution.
Du point de vue des salafistes « l’école est un lieu de subversion », souligne le sociologue Bernard Rougier, professeur à l’université Sorbonne Nouvelle. Élève de Gilles Kepel, auteur de l’ouvrage des Territoires conquis de l’islamisme, lui aussi se pose la question du processus mais dans une double interrogation : Comment en est-on arrivé là ? Et que les plus jeunes soient les plus hostiles à la république !
Dans son analyse du problème, Bernard Rougier voit en France, dans le glissement du wahhabisme (la soumission à Dieu au travers de la lecture du Coran, le fondamentalisme) au salafisme (le retour aux anciens, aux « pieux » qui recourt au Hadiths, ces paroles du Prophète souvent interprétées et présentées comme comminatoires, l’intégrisme), le fondement du déni actuel de la légitimité des enseignements et des enseignants de l’école, car ceux-ci, pour les élèves ou leurs parents sous influence des salafistes, « ne s’appuient pas sur la loi de Dieu ».
Après les prêches des mosquées, les ouvrages dans les librairies, les thèses sur internet, selon lui, la dynamique salafiste trouve avec l’école un nouveau lieu de propagande et du combat de la laïcité souvent présentée comme une loi « dérivée du christianisme ». C’est de ces constats que Bernard Rougier conclut que pour les salafistes « la France est le terrain de cet affrontement et l’école l’un des plus grand champs de cette bataille ».

Former et éduquer pour résister

Alors, comment résister à cette pression ou cette invasion ? En formant mieux les enseignants, par l’instauration d’épreuves disciplinaires sur les valeurs de la République dans les concours de recrutement, comme le suggère Isabelle De Mecquenem, enseignante de philosophie à l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (inspe) de Reims. Oui mais alors il faut former tous les personnels des écoles, souligne un coordinateur de l’assemblée en pointant les 12 % d’atteinte à la laïcité commises par les administratifs, les personnels de ménage et de cantine et même les enseignants, précise-t-il.
La nécessité de sortir de la ghettoïsation prônée par le Président de la république est aussi plébiscitée par Jan Pierre Obin et les participants. L’un d’eux responsable de la DGRH (ressources humaines du ministère) en dévoile les conséquences négatives sur l’action de certains chefs d’établissement qui vivent dans les quartiers de leur établissement, donnant ainsi une nouvelle touche préoccupante au tableau de l’école de la République. Mais on retiendra ce que Jean-Michel Blanquer a souligné avec gravité et détermination en conclusion de son discours « la force est du côté de la République, du côté de la pensée ».

[1Le dispositif de classes virtuelles du CNED, déployé pour l’ensemble des élèves et des enseignants de France entre le 17 mars et le 7 juillet 2020 a été très massivement utilisé pendant cette période : 11,5 millions de classes virtuelles et 17,5 millions de visites.(Source Ministère de l’Éducation nationale).

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