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  • Publié le 19 octobre 2020
  • Mise à jour: 23 octobre 2020

Professeur assassiné : le gouvernement désormais déterminé à harceler et déstabiliser la mouvance islamiste

Ce lundi, des opérations de police sont menées partout en France contre des dizaines d’individus qui ont exprimé leur soutien à l’assassin de Samuel Paty, décapité vendredi près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine a annoncé l’entourage du Ministre de l’intérieur lors d’une audio conférence indiquant également qu’une cinquantaine d’associations sont désormais dans le collimateur de l’État désormais déterminé à harceler et déstabiliser la mouvance islamiste.

Depuis ce matin des dizaines d’opérations administratives de police sont en cours dans 12 départements auprès d’associations et de structures ciblées par les services de police et de renseignement (territoriaux et DGSI) ainsi que de personnes ayant publiquement cautionné ou s’étant réjouies de l’attentat sur les réseaux sociaux. À la mi-journée 30 des 40 visites domiciliaires prévues aujourd’hui avaient été effectuées : « des opérations qui ont toutes fait l’objet d’une décision préalable du juge des libertés (loi SILT) » a indiqué l’entourage du ministre de l’intérieur lors d’une audio conférence de mi-journée, en précisant que la moitié d’entre elles avaient eu lieu en Ile-de-France.
Interrogé pour savoir si la mosquée de Pantin qui a relayé « la fatwa » contre le professeur du collège de Conflans-Sainte-Honorine faisait partie de la liste, les collaborateurs du ministre n’ont pas souhaité s’exprimer sur le sujet et sont également restés discrets sur le sort du Collectif Cheikh Yassine dont le leader Abdelhakim Sefrioui est actuellement en garde à vue, soupçonné d’être à l’origine de la « fatwa » de condamnation du professeur d’histoire pour s’être rendu au collège accompagnée du parent d’élève et demander sa démission ainsi que d’avoir avant l’attentat enregistrée une vidéo le mettant directement en cause. L’entourage du ministre a souhaité souligner que ces visites domiciliaires n’avaient pas de lien direct avec l’attentat de vendredi rappelant qu’elles se déroulent à « bas bruit » depuis la loi sur l’État d’urgence et continueront selon les souhaits du président de la république et du premier ministre (et des capacités des services de polices et gendarmerie) à se dérouler au rythme de 20 par jour. L’État entend ainsi précise-ton place Beauvau « harceler et déstabiliser la mouvance (islamiste) » afin que « la peur change de camps » et « se montrer dans toute sa puissance pour mettre fin à cette nuisance ».

Le CCIF et BarakaCity, les associations que Gérald Darmanin veut dissoudre

Aussi ce matin, sur Europe 1, le ministre de l’Intérieur a résolument affiché cette fermeté. Pour Gérald Darmanin, la réponse de l’État à l’assassinat par décapitation de Samuel Paty, professeur d’histoire-géo dans un collège de Conflans-Sainte-Honorine, doit être rapide et exemplaire. Outre ces opérations de police, il a ainsi annoncé qu’il souhaitait la dissolution de plusieurs associations, citant notamment le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et l’ONG BarakaCity [1]. Pourtant sur le papier le CCIF, association française créée en 2003 sous l’appellation ADDH-CCIF (Association de défense des droits de l’Homme-Collectif contre l’islamophobie en France) avait pour objet de lutter contre l’islamophobie, c’est à dire, définie dans son objet social, comme l’ensemble des actes de rejet, de discrimination ou de violence perpétrés contre des institutions ou des individus en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à la religion musulmane. Sauf que les activités du collectif sont controversées, sur le fond comme sur la forme. Le CCIF est en effet l’objet de critiques portant sur la qualification des actes islamophobes, sur la validité de ses données statistiques ou sur l’instauration d’une approche de concurrence victimaire, et fréquemment attaqué pour son communautarisme supposé ou sa proximité avec la mouvance intellectuelle des Frères musulmans.
L’entourage du ministre de l’intérieur a confirmé que le CCIF fait partie de ces associations « qui propagent le séparatisme et prônent que l’islam est supérieur à la république ». Pour le CCIF comme pour d’autres associations ou groupements, la décision de dissolution pourrait être rapide prise par un décret approuvé lors du prochain conseil des ministres.

231 personnes en attente d’expulsion

Annoncées il y a déjà une semaine par le ministre de l’intérieur, suite à l’attentat de vendredi, les 231 expulsions décidées par le gouvernement dans le cadre de sa lutte contre le séparatisme islamiste sont revenues sur le devant de la scène. Ce midi, l’entourage du ministre l’a confirmé. Mais il a aussi pointé les difficultés d’expulsion des personnes visées, originaires pour la majorité d’entre-elles, de quatre pays du Maghreb.
De nature judiciaire (condamnation avec déchéance de nationalité) et administrative (étranger en situation irrégulière avec obligation de quitter le territoire français), les expulsions françaises ne font pas sauter de joie les pays d’origine, "la Russie comprise", précise l’entourage du ministre.

[1BarakaCity est une organisation non gouvernementale internationale islamique, à but non lucratif, fondée en 2008 par Idriss Sihamedi, elle est suspectée d’être proche du milieu salafiste. Son président et fondateur – fiché par la DGSI - ne cache pas ses accointances avec ce mouvement islamiste.

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