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« L’islamologie entre science et citoyenneté » : la première journée d’étude de l’IFI livre l’ambition scientifique française pour la connaissance de la culture et de la religion islamique

Jeudi 15 juin, dans le Grand salon de la Sorbonne, l’Institut français d’islamologie (IFI) présidé par le recteur Claudio Galderisi a organisé sa première journée d’étude. Consacrée aux enjeux scientifiques, institutionnels et sociaux de la recherche française en islamologie cette journée intitulée « L’islamologie entre science et citoyenneté » a mis en perspective le lien délicat entre science et société dans le contexte religieux de l’islam ainsi que les ambitions et les moyens de cette nouvelle organisation universitaire au service du rayonnement de la France dans le monde arabo-musulman.

Souhaité par le Président de la République dans son discours des Mureaux du 2 octobre 2020, le développement de la recherche et de l’enseignement d’excellence propices à une meilleure connaissance de l’Islam fait son chemin. Après la soirée d’inauguration du 22 novembre 2022 à la Sorbonne officialisant sa naissance, l’Institut français d’islamologie (IFI), a organisé 15 juin en Sorbonne sa première journée d’étude intitulée « L’islamologie entre science et citoyenneté » autour de trois tables rondes « Science, société et foi », « La recherche et l’enseignement en islamologie dans le cadre de la francophonie » et « Les formations initiale, continue et continuée en islamologie » suivies de quatre mini conférences.
Organisée sous le haut patronage d’Emmanuel Macron , ce séminaire qui rassemblait plus d’une centaine d’auditeurs (enseignants-chercheurs, fonctionnaires, imams, acteurs associatifs) a été inaugurée par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau. Dans son propos introductif, la ministre a tout d’abord rappelé les principales missions de l’IFI : consolider et développer une recherche française en islamologie et une formation non confessante adossée à cette recherche et appuyée sur une filière universitaire renforcée (Licence, Master, Doctorat et post Doc) ainsi qu’assurer une mission de service public en apportant aux pouvoirs publics une aide à la décision et une expertise basée sur les critères objectifs de la science. Grâce à l’IFI, a insisté la ministre, l’islamologie française « qui a devancé toutes les autres » doit à nouveau rayonner au niveau international et notamment en Europe, aux États-Unis et au Moyen-Orient.

Être un acteur français de la recherche en islamologie

Il est aujourd’hui difficile de suivre la production en islamologie tant elle est devenue abondante et conduite dans de multiples langues. À coté des grandes universités islamiques (al-Azhar, Médine, La Mecque,...), le nombre de chaires universitaires et de thèses ayant pour objet l’islam ne cesse de croître. Pour se faire une place dans ce foisonnement de productions scientifiques, la recherche française en islamologie devait acquérir un poids institutionnel et une gouvernance adéquate pour conduire sa politique et piloter ses recherches. C’est pourquoi le gouvernement l’a érigé en Groupement d’intérêt public (GIP) qui associe en tant que membres fondateurs huit établissements universitaires français parmi les plus prestigieux : l’EHESS, TENS de Lyon, l’EPHE, l’INALCO, ainsi que les universités d’Aix-Marseille, de Lyon 2, de Lyon 3, et de Strasbourg.
L’IFI est actuellement dirigé par Pierre Caye, directeur du centre Jean Pépin (ENS-CNRS-PSL) et son Assemblée générale, constituée de ses 8 membres fondateurs, présidée par le recteur Claudio Galderisi, recteur délégué à l’ESRl et professeur de langues et littératures de la France médiévale à l’université de Poitiers (CESCM). Un prestigieux tandem épaulé par les équipes d’enseignants-chercheurs des établissements associés ainsi que par nombre de ceux qui, en France mais aussi à l’étranger tels Salim Daccache (Recteur de l’Université Saint Joseph de Beyrouth) - Judith Pfeiffer Professeure à l’université de Bonn - Makram Abbes (Directeur du Centre français de recherche de la péninsule Arabique) - Samuela Pagani (Professeure à l’Université de Lecce), présents lors de cette journée, donnent sens au savoir, répondent au besoin social et politique toujours existant de connaître les musulmans et leur religion et promeuvent un discours critique et moderne à même de déconstruire les discours théologiques traditionnels, perçus comme des sources de l’extrémisme religieux.
Destiné à changer, par la connaissance, la perception de l’islam dans notre société et au delà de nos frontières, l’IFI est ainsi mise au service du rayonnement de la France dans les pays de culture et de religion islamique, de moins en moins sensibles à ses valeurs.

Islamologie et francophonie : la recherche au défi de la langue et des valeurs françaises

« L’islamologie ne peut pas se lier aux seuls pays de langue arabe » a affirmé le recteur Claudio Galderisi en introduction de la seconde table ronde intitulée « La recherche et l’enseignement en islamologie dans le cadre de la francophonie ». Évoquant « les pays de langue francophone et d’islam », le président de l’IFI a ainsi justifié l’une des missions centrales de l’institution : faire du français une langue de recherche en islamologie. Une mission d’emblée problématique car l’islamologie est une discipline où l’apprentissage et l’utilisation de la langue arabe classique s’imposent aux enseignants-chercheurs comme à quiconque souhaite étudier les sources scripturaires et l’histoire de l’islam. Dans le monde, une vingtaine de grandes universités islamiques, telles l’université al-Azhar du Caire, les universités de Médine et de La Mecque d’Arabie saoudite pour ne citer que les plus connues, gardent jalousement l’orthodoxie de la tradition islamique et défendent le primat de la langue arabe pour son étude et la production de commentaires, d’interprétations et d’avis rendus à l’endroit des fidèles musulmans et des pouvoirs des pays du monde arabo-musulman.
« L’arabe était notre langue avant que le Français entre à l’université en 1875 » souligne Salim Daccache, recteur de l’Université Saint Joseph de Beyrouth, partenaire de l’IFI. « Face au turc et à l’impérialisme ottoman, les jésuites se sont accrochés à la langue arabe car cette langue était la langue des chrétiens d’Orient » indique le recteur qui regrette que l’institut des Lettres Orientales né en 1902 au sein de l’université pour l’enseignement de l’arabe (ainsi que du grec et de l’hébreu), n’a aujourd’hui plus de département d’islamologie . La discipline a décliné suite à la disparition des « grands jésuites (francophones) de l’islamologie » explique le recteur avant d’affirmer solennellement : « Les préoccupations de l’IFI sur une islamologie française rejoignent celles de l’Université Saint Joseph de Beyrouth ». « Aujourd’hui, la langue arabe est partagée par différentes cultures et religions de notre région » reconnait-il, mais ajoute-t-il « le français nous aide à voir l’arabe comme une langue citoyenne, dépouillée de son caractère « sacré » attaché au Coran et au musulman.
Une sécularisation de la langue arabe qui ne trouble pas Bariza Khiari. L’ancienne membre du groupe sénatorial France-Maroc, actuelle présidente de l’Institut des Cultures d’Islam chargée par le Président de la République d’une mission sur la défense du patrimoine dans les zones de conflit (son institut a d’ailleurs financé la restauration de la Bibliothèque Orientale de l’université Saint-Joseph de Beyrouth endommagée par l’explosion du port) considère en effet que « la langue française est un outil de médiation » et qu’elle est devenue « une langue de culture islamique ».
Faire aujourd’hui du français une langue de recherche en islamologie n’est donc pas qu’une simple mission mais le challenge de mettre la recherche en islamologie non seulement au défi de la langue française mais également au service du rayonnement des valeurs françaises et de la francophonie [1] dans le monde arabo-musulman.
Un challenge que l’IFI a entrepris de relever dans la péninsule arabique et qui échoit à Makram Abbes. Ancien membre junior de l’Institut Universitaire de France et professeur en Etudes arabes à TENS Lyon, Makram Abbes dirige depuis 2021 le Centre français de recherche de la péninsule Arabique rattaché au CNRS. Basé à Koweit City, son centre couvre 7 pays dans les domaines scientifiques de l’islamologie, de l’archéologie, du patrimoine et du savoir de l’identité anté-islamique, de la littérature et des langues de la péninsule arabique, mais aussi de la pensée politique et géopolitique, du développement des « villes pétrole et après pétrole ». Dans cette seconde table ronde, il a présenté certains des volets de son action. Le premier d’entre-eux concerne la défense de l’image de la France à l’étranger. Pour cela son centre mène des actions sur les réseaux sociaux pour lutter contre les campagnes anti-française qui s’y diffusent et en particulier les polémiques sur l’existence d’une islamophobie française. Un autre volet traite de la recherche en islamologie. Il vise à encourager les échanges entre islamologues français et étrangers ainsi qu’à montrer qu’elle est un engagement citoyen et qu’elle peut participer dans certains pays au renouvellement de la pensée religieuse en islam (statut de la femme, apostasie,...) afin de désamorcer les leviers de la haine et de la violence théologique. Par ailleurs tout un pan de son action s’intéresse à la pensée de la citoyenneté avant l’islam et à favoriser les recherches archéologiques et anthropologiques sur la période anté-islamique. La découverte et l’acquisition, en terre d’islam, de ce savoir scientifique sur une histoire qui précède celle de cette religion et s’émancipe par là même de sa science religieuse et du concept de jahiliya, ouvre en creux le délicat débat opposant le savoir de la foi à celui de la science et des liens entre le savoir et la société.

Faire le lien entre la science et la société

Effectivement les liens entre le savoir et la société ne vont pas de soi. Dans ce rapport, la liberté de chacun est en jeu et l’équilibre est à trouver entre une société uniquement gouvernée par la science et ses experts et un savoir social où les idéologies notamment religieuses font droit. Ce lien doit se construire dans le respect de chacun et c’est à cette construction précautionneuse que s’est attachée la première des trois tables rondes « Science, société et foi » qui a rassemblé Constance Arminjon (directrice d’étude à l’EPHE), Pauline Bebe (rabbin), Michel Deneken (président de l’université de Strasbourg), Mgr Pascal Gollnisch (directeur de l’œuvre d’Orient) et Chems-Eddine Hafiz (recteur de la grande mosquée de Paris) et Michel Zink, membre de l’Académie française, spécialiste de littérature française, occitane et latine du Moyen-Age, qui présidait cette table. L’académicien a d’entrée problématisé le débat en déclarant : « La société est l’intrus dans le débat foi et science et le terme attendu est plutôt raison que société. La connaissance du monde s’oppose à la révération. L’islamologie est confrontée à des problèmes et notamment à celui de la défiance vis à vis de la foi et celle vis à vis de la science ».
Dans le vocabulaire de l’islam, le terme jahiliya désigne la période dans laquelle ont vécu les Arabes avant l’avènement de l’islam et qui se traduit par l’ignorance en Allah et ses prophètes, en celle des rites religieux et en la fierté en leurs lignées. Elle se prénomme ainsi en rapport à l’ignorance (jahl) qui en arabe est le fait de ne pas connaître ou de ne pas se conformer à la science.
Le recteur Chems-Eddine Hafiz a utilisé cette référence, cette rupture de l’islam avec la jahiliya, pour soutenir que « l’islam est la religion du savoir » en rappelant son rapport positif avec la société entre le VIIIe et le XIVe siècle. Une période qu’il qualifie d’« âge d’or de l’islam » et qu’il oppose à « un âge noir » provoqué par la conquête de l’empire ottoman et caractérisé par une interprétation littérale du Coran qui, selon lui, se perpétue encore aujourd’hui en propageant l’intolérance et la violence.
« L’islam est une religion de la science et invite au savoir et effectivement l’islam est menacée par une période noire » acquiesce Michel Zink avant de donner la parole à Mgr Pascal Gollnisch (directeur de l’œuvre d’Orient) qui corrobore l’hypothèse et la persécution religieuse qui en résulte aujourd’hui. Cela renvoie à « l’articulation délicate entre la religion révélée et la science du temps de Galilée » commente encore l’évêque pour qui « la vérité de la science et de la foi sur un même sujet est toujours arbitrée par la raison ».
Pas d’opposition non plus entre le monde de l’université et le monde de la religion et de la croyance, pour Pauline Bebe ; « l’un expliquant le comment des choses et le second le pourquoi » commente le rabbin. « La démarche religieuse et la démarche scientifique ne doivent pas être exemptes du doute » poursuit-elle en donnant l’exemple du mythe de la tour de Babel qui met en évidence à ses yeux que la parole unique n’est pas nécessaire ; avant l’épisode de la tour, les hommes parlaient dans diverses langues, « et après, également », fait-elle remarquer. « Science et religion sont des antidotes au fondamentalisme et à l’extrémisme notamment par la compréhension des textes et de leurs influences, mais aussi par la connaissance de l’histoire » conclut-elle.
Nous sommes condamnés au dual (science et religion), à la modération et à l’épistémè [2] de la vérité, « la vérité qui est la fille de l’histoire » complète Michel Deneken, président de l’université de Strasbourg. « Foi, raison et société c’est le risque de la pensée binaire. Je suis mieux compris dans mon université que dans mon église » s’exclame ce prêtre catholique et théologien qui ne fait pas de séparation entre foi et science considérant que « le génie du christianisme c’est sa sortie par les sciences ». L’université de Strasbourg possède une chaire d’islamologie depuis le XIXe siècle rappelle-t-il en assenant « l’ignorance : c’est le combat de tous ! ».

Quels besoins et quelles attentes pour l’enseignement de l’islamologie ?

Porter la recherche en islamologie est la vocation première de l’IFI mais en l’absence d’une filière de formation stable au sein du culte musulman français, l’organisation a aussi la mission de soutenir l’offre de formation en islamologie avec le renforcement des formations de Licence et de Master en langues, en philosophie, en philologie, en histoire de l’art, ..., ainsi que la mise en place d’un DU d’islamologie apportent une connaissance globale de l’islam. Mais qui former aujourd’hui et pourquoi ? Comment satisfaire les attentes sociales, professionnelles et confessionnelles qui émanent du Forum de l’islam de France (FORIF), la nouvelle instance d’organisation de l’islam de France où les enjeux de la relation entre science et société se cristallisent dans la formation des imams et l’articulation entre enseignement non confessant et enseignement théologique.
Ce sont ces questions qu’a abordé la troisième table ronde « Les formations initiale, continue et continuée en islamologie » en donnant la parole aux universités associées et à Azzedine Gaci, le recteur de la mosquée de Villeurbanne.
Membre du Conseil des mosquées du Rhône et du Conseil théologique des imams du Rhône, participant et intervenant aux travaux du FORIF, le recteur de la mosquée de Villeurbanne s’alarme : « La radicalisation progresse. Les gens en quête de sens ont besoin d’un imam formé aux valeurs et aux lois françaises ». Les travaux du FORIF ont permis de distinguer deux types d’imams : les imams qui conduisent les cinq prières quotidiennes et ceux qui sont à même de prêcher et de conseiller les fidèles. Mentionnant les résultats d’un sondage mené auprès de 51 imams de Lyon-Villeurbanne, le recteur rapporte que 80 % d’entre eux n’avaient jamais suivi aucune formation théologique et universitaire. « Nous sommes capables d’assurer la formation théologique des imams mais nous manquons de moyen pour le faire » assure Azzedine Gaci. Actuellement, le Conseil théologique des imams du Rhône dispense une formation théologique de 2 ans (400 h de cours en week-end et 6 séminaires) sanctionnée par la rédaction d’un mémoire soutenu devant un jury. Une formation dispensée en arabe précise le recteur qui insiste « La formation profane nous inquiète et c’est là que nous attendons de travailler avec l’université. Pour instruire nos imams au contexte français nous avons besoin de l’IFI. ».
« La volonté et la demande est là mais où sont les blocages ? » s’est alors interrogée Juliette Dumas directrice scientifique adjointe de l’IFI, en s’adressant aux représentant des partenaires universitaires de l’IFI et à Anne-Sophie Barthez, directrice générale (DEGESIP) au Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. « Le terme islamologie fait un peu peur. En faire une spécialité, une mention de Licence et de Master peut être un repoussoir », plaide la directrice qui pense que c’est d’abord aux universités de décider de l’organisation de cet enseignement et à l’IFI d’en tenir compte.
Jean-François Huchet, président de l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) salue quant à lui l’effort de l’État et les moyens déjà alloués à l’islamologie, « qu’il faudra encore renforcer » ajoute-t-il. Moins onéreux et plus accessible, il souhaite le développement de l’enseignement à distance dans cette discipline et signale déjà deux collaborations dans ce domaine : l’une avec l’institut ismaélien de Londres (en langue anglaise) et l’autre avec l’université Saint-Joseph de Beyrouth, en langue arabe.
Quant à Nathalie Dompier, présidente de Université lumières Lyon II, elle estime que les enjeux de cette discipline au sein son établissement sont civiques et académiques. « L’enseignement de l’islamologie vise à développer un esprit critique, à initier à la recherche, et à répondre à une vision de l’islam, à la visée fondamentaliste de l’islam. En cela il répond aux attentes des étudiants en matière de formation sur le fait religieux musulman » plaide la présidente de Lyon II, mais dans le même temps elle déplore des difficultés dues à la raréfaction de certaines spécialités comme l’archéologie islamique, l’art islamique, la traduction arabe, perse, turque, à la rareté des professeurs, à la dispersion des formations (absence de réseau) et pointe l’écart de niveau entre la formation confessante et académique.
Mais au fond, plus que son niveau, ce qui importe le plus dans la formation n’est-ce pas avant tout la transmission d’un savoir critique ?

[1La francophonie a pour mission de promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique ; promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’Homme, appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche.

[2L’épistémè est un concept philosophique d’origine grecque. Depuis Michel Foucault et Les mots et les choses, l’épistémè est vue comme une notion de philosophie, d’histoire et de sociologie. Alors que l’épistémologie renvoie à une généalogie du savoir, en tant qu’étude des sciences (objectifs, organisations et méthodes des objectifs, principes fondamentaux, ses enseignements, relations entre elles, etc.), l’épistémè revient à contextualiser le savoir et à décrire ce qu’il est à une époque donnée.

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