Le bataillon Kalinowski : des Biélorusses au côtés des Ukrainiens

Selon Radio Liberté, la formation la plus importante et la plus célèbre des volontaires biélorusses est le bataillon Kalinowski, formé en mars de cette année. Kalinowski était l’un des chefs du soulèvement polonais de 1863 sur le territoire de l’actuelle Biélorussie et de la Lituanie. En 1943 également, une brigade de partisans soviétiques, qui était l’une des unités les plus actives dans les environs de Grodno et de Bialystok, a été baptisée du nom de Kastusz Kalinowski.
Le bataillon compte dans ses rangs de nombreux militants bien connus en Biélorussie : les fondateurs du mouvement « Zubr », du Front jeune, et des publications « Maya kraina - Belarus » et « Moustache Lukashenko ». Les combattants du bataillon ont pris part aux combats près de Kiev, trois d’entre eux - Ilya Khrenov, Aliaksei Skoblya et Dzmitry Apanasovich - ont été tués. Oleksiy Skoblya s’est vu décerner à titre posthume le titre de Héros de l’Ukraine par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
L’un des fondateurs du bataillon, Pavel Kulazhenko, un ancien officier de la police anti-émeute biélorusse, a ensuite appartenu aux mouvements de la Résistance (« Supratsiou ») et des Cigognes volantes (« Busli lyatsya »), des organisations qui prônaient la rébellion contre le régime biélorusse. En avril dernier, Pavel Kulazhenko faisait également partie des personnes accusées dans l’affaire dite de la tentative de coup d’État, lorsque Aliaksandr Feduto, Ryhor Kastusiou, Yury Ziankovich et Volha Holubovich ont été emprisonnés. Il était aux États-Unis à l’époque. Le KGB biélorusse a alors lancé une procédure d’extradition à son encontre et à celle de quatre autres suspects.
Aujourd’hui, en Biélorussie, le Département principal de lutte contre le crime organisé et la corruption (GUBOPiK) a ouvert une procédure pénale contre 50 « Kalinowites ». Tous sont accusés de complicité dans un conflit armé dans un pays étranger. Pendant ce temps, la ville ukrainienne de Rovno, propose de rebaptiser la rue locale Vitebskaya du nom de Kastusz Kalinowski

Des bataillons en bataille

Le samedi 23 avril, la chaîne de télévision pro-gouvernementale biélorusse a diffusé un article intitulé « Les bataillons en carton des Biélorusses en Ukraine : comment les fugitifs et le bataillon Kalinowski partagent les affaires de guerre ». Là-bas, le bataillon Kalinowski est dépeint comme un gang et appelé « sous-bataillon ». Un numéro de la première chaîne de la télévision d’État biélorusse a exploité le thème de la désunion entre les formations militaires biélorusses. En particulier, elle fustige la création du régiment Pagonya sous la direction du célèbre homme d’affaires biélorusse Vadzim Prokopyev, dont le bataillon de Kastusz Kalinowski est mis en cause. Les fondateurs du Pagonya », qualifié à la télévision comme le « le régiment des joyeux lurons », déclarent qu’il a été créée à l’initiative d’officiers biélorusses avec le soutien de l’AFU (L’armée Ukrainienne) pour protéger l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine, ainsi que pour créer ultérieurement les bases d’une nouvelle armée professionnelle biélorusse.
Au sein de Pagonya, il existe aussi un bataillon de volontaires nommé Braternia. Il s’est distingué lors de la libération de la colonie de Lukyanovka dans la région de Kiev, pour avoir, selon raconte-t-on, capturé du matériel russe et un char. Près d’Irpen, le groupe biélorusse a détruit trois chars ennemis. Un des combattants biélorusses, Dmitry Apanasovich, y a été tué.
Une autre unité biélorusse portant le nom d’Ilya Litvin - du nom du combattant biélorusse qui a été tué près de Bucha - est également connue pour être au côté de l’Ukraine à Odessa. L’unité compte environ 30 membres, pour la plupart des émigrants politiques qui ont quitté la Biélorussie après les événements de 2020. Aujourd’hui, ils patrouillent dans les rues de la capitale du sud de l’Ukraine - indépendamment, sous le commandement de l’AFU, ou en assistant la police locale. Elle devrait devenir officiellement une section de la défense territoriale d’Odessa. On sait également qu’il y a des Biélorusses incorporés à la défense de la région de Kiev. Il s’agit principalement de dirigeants de divers mouvements anarchistes. Car les Biélorusses ne combattent pas seulement dans le cadre d’unités spéciales ; certains ont directement rejoint l’armée ukrainienne (AFU). L’un d’eux, Dmitry Rubashevsky, qui servait dans la 24e brigade mécanisée de l’armée ukrainienne, a été tué le 13 avril.
Pavel Kulazhenko, un soldat du bataillon Kalinowski, estime que la première priorité des forces biélorusses est de contribuer à la victoire de l’Ukraine et ensuite de libérer la Biélorussie de la dictature, car sans la première, il n’y aura pas de seconde.