«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

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  • Publié le 14 septembre 2021
  • Mise à jour: 17 septembre 2021

Le nouveau gouvernement libanais va-t-il exorciser les vieux démons ?

Le premier ministre Najib Mikati a-t-il réussi à constituer un gouvernement crédible pour les libanais et surtout pour les bailleurs de fonds internationaux, seuls capables aujourd’hui d’injecter les 15 milliards de dollars qu’il faudrait pour sortir le pays de la pénurie et amorcer son redressement économique ? Difficile de le dire, car sur le papier les oligarques de l’establishment libanais dominent toujours la composition d’un gouvernement moitié chrétien - moitié musulman et l’échéance très proche des législatives de mai 2022 impose d’ores et déjà son calendrier.

Il aura fallu treize mois pour que le Liban retrouve un gouvernement. Vendredi 10 septembre, le nouveau Premier ministre libanais, Najib Mikati, entrepreneur dans les télécommunications et plus grosse fortune du pays (2,9 Mds de dollars), a présenté un gouvernement qui aura la lourde tâche de rompre avec les démons passés de la corruption et du clanisme et commencer à reconstruire le futur du pays. Le nouveau gouvernement libanais votera ce jeudi sur le texte final de la déclaration ministérielle dans laquelle le premier ministre s’engage comme le lui demande la communauté internationale à tenir les élections législatives prévues en mai 2022 et déclare tout mettre en œuvre pour que cesse les pénuries de médicaments et de carburant, mettre fin à « l’humiliation des libanais » selon ses propres mots.
C’est évidemment là la principale urgence du nouveau gouvernement car la crise économique inédite que traverse le pays depuis l’été 2019 n’a eu de cesse de s’aggraver : inflation galopante et licenciements massifs, crise sanitaire avec aujourd’hui, selon l’ONU, près de 75 % de la population libanaise vivant sous le seuil de pauvreté.

Un gouvernement « classique »

Depuis la double explosion dévastatrice dans le port de Beyrouth le 4 août 2020, qui avait fait plus de 200 morts, le Liban était sans gouvernement. La mise en place d’une équipe gouvernementale était la condition préalable au déblocage de toute aide humanitaire.

Le nouveau gouvernement libanais devant le palais présidentiel à Baabda, le 13 septembre 2021.

Le nouvel exécutif composé de 24 ministre (dont une seule femme) est désormais en ordre de marche mais reste à savoir si cette nouvelle équipe pourra rompre avec le passé clanique et corrompu des précédents gouvernements qui ont conduit ces trois dernières décennies le Liban là où il se trouve actuellement. En 1992, l’économie du Liban était plus prospère que celle du Liban en 2020. Le Liban se portait mieux après 15 ans de guerre civile sanglante qu’après 30 ans de paix gouvernée par "la mafia" explique (en anglais) Sara El-Yafi [1] dans une vidéo postée sur facebook. En tout cas, sur le papier, cela ne semble pas vraiment le cas. Hormis le ministre de la santé, Firas Abiad, directeur de l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri, fer de lance de la lutte contre le coronavirus, ou encore Nasser Yassine, ministre de l’Environnement, professeur et directeur de l’Observatoire des crises à l’Université américaine de Beyrouth ainsi que le ministre de l’éducation, autre universitaire reconnu, tous les autres ministres sont des oligarques de l’establishment libanais et certaines nominations ont suscité des réactions mitigées, comme celle de George Kordahi - ministre de l’Information - très connu pour être le présentateur de la version arabe de l’émission « Qui veut gagner des millions »

Peu de temps et peu de marges de manœuvre

En raison de l’échéance des élections législatives de mai 2022, il y a peu de possibilités et d’espoir que les véritables réformes qui remettraient le pays sur pied économiquement soient accomplies d’ici là. Probablement le pays pourra engager les sollicitations financières d’urgence auprès des bailleurs de fonds internationaux ainsi qu’auprès des pays arabes voisins, très concernés par la stabilité du pays et en même temps très méfiants. Ces dernières années, par exemple, l’Arabie Saoudite refusait tout aide financière au Liban, Riyad considérant que le Hezbollah chiite, en lien avec son ennemi l’Iran, y était beaucoup trop influent.

[1Libanaise, Sara el-Yafiest une ancienne étudiante d’Harvard, conseiller politique au Liban et écrivain, elle a sa propre compagnie aux USA

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