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  • Publié le 2 mars 2023

Les « Visages des guerres de Religion » s’exposent au château de Chantilly

Du 4 mars au 23 mai 2023, L’exposition « Visages des guerres de Religion » du musée Condé du Château de Chantilly vous convie à découvrir en image les acteurs des grands moments des guerres de religion. L’exceptionnelle galerie de portraits du duc d’Aumale nous offre un panorama incarné de la période et porte un regard renouvelé sur cette tragique période de l’histoire de France. Dans un écrin majestueux, l’exposition comblera assurément les amateurs d’histoire et d’art.

À 1 heure de Paris, le musée Condé de Chantilly conserve l’une des plus importantes collections relatives aux guerres de Religion. Ces guerres civiles étaient l’une des périodes de prédilection de la génération romantique à laquelle appartenait le jeune duc d’Aumale. Son frère aîné, Ferdinand-Philippe, duc d’Orléans, commanda par exemple à Paul Delaroche l’un des tableaux d’histoire les plus célèbres du XIXe siècle, L’Assassinat du duc de Guise, trônant aujourd’hui dans la Tribune du musée Condé. Historien de Louis, premier prince de Condé, l’un des principaux chefs du parti huguenot, le duc d’Aumale avait hérité des riches archives Montmorency et Condé. Il les compléta par la collection de portraits dessinés, peints et gravés la plus importante au monde concernant la Renaissance française, qui permettent de réunir aujourd’hui tous les principaux acteurs des guerres de Religion. Cette exceptionnelle galerie de portraits dessinés, peints, gravés voire émaillés, assortie d’estampes historiques et d’un grand nombre de libelles et déclarations imprimées, réunie au XIXe siècle par Henri d’Orléans, permet d’interroger le rôle de l’image dans cette guerre civile et de porter un regard renouvelé sur une page tragique de l’histoire de France.

L’exposition pas à pas

Le parti huguenot - La réforme prônée par Jean Calvin touche progressivement une grande part de la société française, notamment la noblesse. Stimulés par une foi intense, les protestants croient que le royaume de France peut tout entier se convertir. Le terme de « huguenot », synonyme de factieux et de clandestin selon la terminologie du XVIe siècle, est utilisé par leurs soins pour qualifier l’organisation politique et militaire qu’ils mettent en place, surtout à partir de 1562. Le premier prince de Condé , Louis Ier de Bourbon, prince de Condé (les visiteurs pourront admirer un portrait réalisé vers 1565 par François Clouet [1]) en prend la tête, avec l’amiral de Coligny (portrait d’apparat ou state portrait, ce tableau est l’un des plus ambitieux qu’on doive au pinceau de François Clouet), son frère d’Andelot portrait de François Clouet effectué à la pierre noire et sanguine, rehauts de bleu dans les yeux) ou Jeanne d’Albret, en s’appuyant sur des relais à l’étranger. Une abondante littérature politique est publiée pour justifier leurs prises d’armes. Cette période fondatrice finit dans le sang en 1572.

Les catholiques zélés - Les catholiques zélés sont déterminés à éradiquer l’« hérésie » protestante. À la tête de cette mouvance radicale se trouvent parmi les plus grands personnages du royaume, tels qu’Anne de Montmorency, connétable de France, et surtout trois générations de membres de la maison de Guise magnifiquement portraiturés par François Clouet à la pierre noire et à la Sanguine. Cette branche cadette de la maison de Lorraine passée au service du roi de France se considère comme le bras armé de Dieu pour lutter contre le calvinisme. Sous le règne de François II (1559-1560), les Guises utilisent leur position d’oncles de la reine Marie Stuart pour s’imposer à la cour et demeurent tout puissants sous Charles IX. Ils développent une véritable politique de l’image capable de mobiliser leurs vastes réseaux et d’apparaître comme les seuls vrais opposants au péril protestant.

Coexistence et répression - Afin de protéger l’autorité de ses fils, des rois de France successivement fauchés dans leur jeunesse, la reine mère. Catherine de Médicis souhaite éviter la guerre civile et mène une difficile politique d’équilibre entre les grandes maisons rivales. Elle s’appuie pour ce faire sur les membres féminins de sa cour. Certes l’adhésion au calvinisme est une affaire de femmes : il faut souligner le rôle des mères et des épouses dans la conversion des grands. Pour la reine qui commande leurs portraits, les dames sont également de véritables médiatrices qui détiennent une certaine capacité d’apaisement. Le portraits d’Isabelle d’Hauteville, comtesse de Beauvais et de Renée de Rieux, marquise de Nesle, dite Guyonne, comtesse de Laval, exécutés par François Clouet à la pierre noire, à la sanguine et avec des rehauts de crayon bleu, sont présentés dans cette exposition.
Mais cette voie pragmatique en faveur du maintien de la paix civile, également prônée par le chancelier Michel de L’Hospital, se révèle cependant comme un cuisant échec. Les Guise, mécontents de la signature de l’édit de janvier 1562 qui accorda aux réformés la liberté de culte en dehors des ville, furent éloignés de la cour par Catherine de Médicis. Le 1er mars de la même année, François de Guise, de retour à Paris depuis ses terres lorraines, s’arrêta avec sa famille et près de 200 cavaliers dans le petit village de Wassy, en Champagne, où plusieurs centaines de fidèles protestants célébraient dans une grange un culte qui était pourtant interdit dans l’enceinte des villes. Les émissaires du duc furent fort mal reçus et les insultes se transformèrent en affrontement. Ce massacre immortalisé dans une gravure sur bois présentée en fac-similé dans l’exposition, sonna le début de la guerre civile et la mobilisation des chefs huguenots

La noblesse fracturée - Les lignes de partage entre les camps sont mouvantes, au gré des décès, des conversions dans un sens ou dans l’autre et des renversements politiques. Les batailles se succèdent et aucun parti ne prend vraiment l’ascendant. Le 22 août 1572, quatre jours après les célébrations du mariage d’Henri de Navarre et Marguerite de Valois, un attentat vient briser la réconciliation souhaitée. L’amiral de Coligny est visé par un tir. Moins de 48 heures plus tard, dans la nuit du 23 au 24 août, il est la première victime du massacre de la Saint-Barthélemy, après que Charles IX et son conseil ont décidé d’éliminer un certain nombre de chefs huguenots, jugés menaçants pour l’autorité royale. La tuerie prend une tournure incontrôlable : on dénombre plus de 3 000 morts à Paris, bien plus au-delà. Au choc de l’évènement succède la propagande des images et des mots.
Le visiteur pourra découvrir le fragment dit de la cloche qui sonna la Saint-Barthélemy, conservé au musée de Condé ainsi qu’un portrait exécuté par François Clouet à la pierre noire et à la sanguine avec rehauts d’aquarelle jaune et touches de blanc de plomb, d’Antoine de Crussol, comte de Tonnerre, premier duc d’Uzès (1528-1573). Antoine de Crussol, converti un moment au protestantisme, fut l’un des personnages qui firent le lien entre les partis catholique et protestant.

De Henri III à Henri IV : quel roi et quelle religion pour la France ? - Après la Saint-Barthélemy, les rapports entre le roi et la noblesse consistent moins en un esprit d’association qu’en une politique d’exaltation de la majesté du souverain. Henri III, successeur de son frère Charles IX, remodèle son image et assoit son pouvoir par le faste. Face à lui, un groupe de catholiques se radicalise et entre en position assumée contre la Couronne, surtout après l’exécution des Guises, ordonnée par le roi. La Ligue de 1585, prospère dans plusieurs villes, leur est en effet inféodée et conteste l’autorité royale. Une littérature et une imagerie ligueuses se diffusent. Le 1er août 1589, le coup de couteau porté par Jacques Clément à Henri III donne à la France un roi protestant, Henri IV, qui, non sans difficulté, rallie à son panache blanc un pays exsangue. les visiteurs pourront venir l’un des plus beaux et plus sensibles portrait de Henri IV, roi de France, une sanguine réalisée vers 1610 par l’École française. Il pourront également s’émouvoir devant le portrait d’un jeune garçon sous la Ligue réalisé à la pierre noire par François Quesnel vers 1580. Il découvriront également une miniature montrant la réception du duc de Nevers comme chevalier de l’ordre du Saint-Esprit à l’occasion de la première cérémonie en décembre 1578 et janvier 1579. Elle était considérée comme l’unique vestige du livre des Évangiles de l’ordre du Saint-Esprit supposément perdu après la suppression de ce dernier en 1791. Or, le manuscrit d’où elle est tirée a été récemment localisé au Philadelphia Museum of Art.

« Visages des guerres de religion », Exposition du 4 mars au 21 mai 2023. Musée Condé, château de Chantilly. Commissaire de l’exposition : Mathieu Deldicque, conservateur en chef du patrimoine, directeur du musée Condé.

Tarif : Billet 1 Jour : (Château, Parc, Grandes Écuries, expositions temporaires) Plein tarif : 17 € - tarif réduit : 13,50 €

S’y rendre :
Pack TER Chantilly (depuis la Gare du nord) : 25 € pour les plus de 12 ans, 1 € pour les moins de 12 ans. Il donne accès au Château, au Parc, aux Grandes Écuries et expositions temporaires. Le pack TER ne comprend pas les événements organisés en soirée.
Autoroute A1 : sortie 7 en venant de paris et 8 en venant de Lille.

[1Les dessins de François Clouet présentés dans cette exposition ont été restaurés il y a quelques années grâce au soutien des Amis du Musée Condé. François Clouet est un peintre français (1515-1572). Fils de Jean Clouet, comme son père, il travaille au service de la Cour et se distingue dans l’art du portrait.

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