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- Publié le 15 octobre 2025
- Mise à jour: 19 octobre 2025
María Corina Machado lauréate du prix Nobel de la Paix 2025

María Corina Machado, opposante au président du Vénézuela Nicolás Maduro, vit aujourd’hui dans la clandestinité. C’est dans ce contexte qu’elle a appris la nouvelle de l’attribution du prix Nobel de la Paix 2025. Petite biographie de cette « militante courageuse et dévouée à la cause de la paix ».
María Corina Machado est née en 1967 à Caracas dans une famille extrêmement riche. Ses ancêtres se sont lancés dans la production et la vente de cacao, puis sont devenus l’un des plus grands négociants du pays. Au XXe siècle, ils contrôlaient le secteur de l’énergie électrique (ils possédaient notamment la société Electricidad de Caracas) et l’industrie sidérurgique. Maria Corina Machado s’est d’abord illustrée dans le domaine caritatif : elle a fondé la fondation Atenea (« Athéna »), qui venait en aide aux orphelins et aux enfants des rues de Caracas, ainsi que l’organisation Oportunitas, dont l’objectif était de soutenir les mineurs vivant dans des conditions d’extrême pauvreté.
Elle entre en politique en 2002 en fondant avec ses collègues de l’opposition l’organisation de défense des droits politiques Sumate (« Rejoignez-nous »). Cette organisation se fait connaître en 2003, lorsqu’elle lance une pétition pour organiser un référendum sur la destitution du président vénézuélien Hugo Chávez. Le résultat sera décevant : 59 % des votants plébiscitent le président.
Mais en 2010, ouvertement opposée à Chávez, l’accusant de corruption et d’usurpation du pouvoir María Corina Machado finit par l’emporter lors des élections législatives et devient députée. Deux ans plus tard, elle fonde le mouvement libéral Vente Venezuela, rapidement accusé d’avoir des « liens avec l’étranger ». En mars 2014, elle saisit l’occasion d’une réunion de l’Organisation des États américains où elle représente officiellement le Panama et non son pays natal pour dénoncer la dictature au Venezuela. En réponse, les autorités vénézueliennes l’accusent de trahison et l’a destituent de son mandat de députée. Mais Maria Corina Machado ne baisse pas les bras. En 2023, elle annonce sa candidature à l’élection présidentielle et promet de rallier toute l’opposition derrière elle. Elle remporte les primaires (90% des voix) et, pour le comité Nobel, elle est finalement « devenue une figure clé de l’unité au sein d’une opposition politique autrefois profondément divisée ».
Une lutte menée jusqu’à la clandestinité
Le régime vénézuélien réagit à la candidature Machado et l’empêche de se présenter aux élections. Qu’importe, elle rassemble une opposition éclatée autour d’un candidat unique, Edmundo González Urrutia. Dès lors, des centaines de milliers de bénévoles à travers le pays se mobilisent au delà de leurs divergences politiques et sont formés pour être des observateurs garantissant la transparence et l’honnêteté des élections. Ils bravent les menaces de persécution, d’arrestation et de torture, protègent les bureaux de vote de manière à ce que les résultats soient enregistrés avant que le régime ne puisse détruire les bulletins de vote et falsifier le scrutin. Le 28 juillet 2024, le peuple vote massivement pour l’opposant au régime en place (70 % des suffrages). C’était sans compter la voix de Nicolás Maduro lui-même qui proclame d’autorité sa victoire. « Les actions de l’opposition unie avant et pendant les élections ont été novatrices et courageuses, pacifiques et démocratiques », a déclaré le Comité Nobel à propos des événements de 2024, « María Corina Machado a montré que les instruments de la démocratie sont aussi des instruments de paix. Elle incarne l’espoir d’un avenir différent, dans lequel les droits fondamentaux des citoyens sont protégés et leur voix entendue ». Ainsi en septembre 2024, le prix Vaclav-Havel, lui a été décerné par le Conseil de l’Europe ainsi que, en octobre de la même année, le prix Sakharov, plus haute distinction de l’Union européenne pour les droits humains. Néanmoins, les chavistes, menés par Nicolás Maduro, ont conservé le pouvoir et le détiennent toujours aujourd’hui. Alors Maria Corina Machado s’est cachée, refusant de quitter le Venezuela malgré les menaces qui pesaient sur elle, malgré les arrestations de ses proches. Le président du comité norvégien, Jørgen Våne Fridnes, n’a d’ailleurs pas répondu à la question d’un journaliste qui lui demandait si la lauréate serait présente à la cérémonie de remise des prix en décembre. La lauréate a répondu dans une interview accordée le 14 octobre au média Grand Continent : « Nous faisons tout pour que cela se produise, car in fine, cela ne sera possible que si le Venezuela est libre… mais le Venezuela sera libre. »
C’est ce courage et cette persévérance que le Nobel a salués. C’est le régime dictatorial de Maduro, héritier de Chávez, qui a ruiné son pays, qui en a détruit les institutions, qui a poussé des millions de Vénézuéliens à l’exil, que le Nobel a dénoncé.
Un combat international
Maria Corina Machado a déclaré à maintes reprises lors d’interviews, qu’elle s’inspirait beaucoup d’une citation tirée d’un discours de Simón Bolívar, combattant pour l’indépendance des colonies espagnoles en Amérique latine : « Rien ne recèle autant de dangers que l’exercice prolongé du pouvoir par un seul et même citoyen. Le peuple s’habitue à lui obéir, et lui s’habitue à commander, ce qui engendre l’usurpation et la tyrannie ». Une déclaration sans nul doute érigée en principe de vie. Comme elle, la plupart des Vénézuéliens soutiennent la lutte des Ukrainiens pour la souveraineté et l’intégrité de leur pays.
Crédit Photo : Maria Corina Machado, Caracas, Venezuela, 31 mai 2024. Photo : Ronald Pena R. / EPA

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