Ouf ! Mais …

Victoire nette du président sortant, abstention record, extrême droite à un niveau jamais atteint, sont les termes de l’équation politique française qui se pose à la France et à Emmanuel Macron réélu (heureusement) au lendemain de cette élection présidentielle. Heureusement, car nous gardons grâce à sa réélection une politique internationale digne des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité défendues par la France. Nous évitons sans aucun doute une crise diplomatique en Europe aggravée par le contexte du conflit en Ukraine. À ce titre, la victoire d’Emmanuel Macron est une défaite pour le président Vladimir Poutine et on ne peut que s’en réjouir.
Mais par delà cet aspect de politique internationale, prérogative du Président de la République, ses idées politiques pour la France laisse une République fracturée par le vote « contre » et par un Front Républicain, qui pour être sauveur de notre République, vient tordre la réalité de la politique française et même, démocratique, puisque les Français et les Françaises votent de moins en moins, et de moins en moins pour leurs idées. Plus le temps passe, plus ils sont atteints dans leur sincérité, dans leur spontanéité civique et politique. Les Français et les Françaises présentent désormais tous les symptômes d’une schizophrénie politique et citoyenne : n’assiste-t-on pas depuis vingt ans à une une baisse continue de la participation électorale, au développement, chez nos concitoyens, d’une épidémie de fatigue civique, qui, du désintérêt tourne au rejet de plus en plus violent pour la politique en général et pour ceux qui ne pensent pas comme eux.

L’élection présidentielle révèle un corps électoral qui ne croit plus en ce qu’il vote et en celui pour qui il vote. Si l’on en croit le sondage BVA « Présidentielle 2022 - Comprendre le vote des Français.es au 2nd tour » paru ce jour, une large majorité des électeurs d’Emmanuel Macron au second tour (56%) affirme avoir voté pour lui avant tout pour faire « barrage » à Marine Le Pen. Seuls un tiers d’entre eux déclarent avoir voté pour lui et pour ses propositions politiques (33%). Cela voudrait dire que compte tenu de la participation (71,2 %), des votes blancs et nuls (8,8 %) et du score du président (58,8 %), environ 16 -17 % des Français et Françaises sont vraiment convaincus par le programme et le projet du président sortant. Est-ce que c’est tenable ? Est-ce que démocratiquement, à l’usage, on peut gouverner la France dans de telles conditions, lui donner un élan, capitaliser l’assentiment et la bonne volonté qui fondent l’idée de Nation, c’est à dire d’un mouvement de tous pour le meilleur, pour le bien de chacun et de tous.
Aujourd’hui, la responsabilité dans l’avenir de la France du président réélu est écrasante pour maintenir la cohésion nationale. Heureusement pour nous, il en a conscience. Mais comment faire pour transformer l’intensité déclinante du barrage républicain en une passion électorale et civique pour la France des Lumières, pour faire de cette impasse électorale un boulevard démocratique. C’est à tous ceux qui veulent défendre les valeurs de la République française qui les nourrit de réagir et de construire un nouvel élan. En démocratie, il n’y a pas d’homme providentiel, il n’y a que des hommes de bonne volonté. Rendez-vous aux législatives !