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- Publié le 1er décembre 2025
La crèche de Noël de Bruxelles devient une crèche salafiste à Paris !

Depuis hier, la crèche de la Grand-Place de Bruxelles est au cœur de vives discussions et de polémiques. Les personnages de la crèche traditionnelle de Noël ont été remplacés par des poupées de chiffons, censées, selon les protagonistes de l’installation, représenter le « mélange de toutes les couleurs de peau », « Un mélange inclusif pour que tout le monde s’y retrouve ». Un choix qui ne fait pas l’unanimité. Loin s’en faut.
En Belgique, certains applaudissent à cette création et saluent son ouverture d’esprit et son universalité en organisant des sondages sur Facebook ; d’autres, sur place, assez nombreux, critiquent son esthétique et déplorent l’abandon des traditions comme le footballeur international belge, Thomas Meunier, qui commente sur X, « On touche le fond... et on continue de creuser » ; d’autres encore, telle Florence Bergeaud-Blackler, y soupçonnent une nouvelle manifestation d’un islamisme rampant, au motif que les personnages de chiffons n’ont pas de visage comme c’est la règle dans l’islam où l’on ne représente pas les visages humains. La docteur en anthropologie et présidente du Cerif (Centre européen de recherche et d’information sur le frérisme) a exprimé cette thèse sur X avec une formule choc « Noël charia compatible sur la Grand-Place à Bruxelles » sous laquelle elle met en vis-à-vis une photo des personnages sans visages de la crèche et la couverture d’un livre pour enfants, écrit en arabe, intitulé « je n’adore qu’Allah », où les personnages sont représentés sans visages.
Mais quelle mouche a piqué Florence Bergeaud-Blackler ? Comment a-t-elle pu imaginer l’installation d’une crèche de Noël salafiste, islamiste ? Quels sont les éléments qui l’ont amenée à faire cette analogie sur X, et sous une forme qui n’est pas sans rappeler les procédés caricaturaux et infamants utilisés par une certaine propagande visant une catégorie de personnes soupçonnées d’ourdir un complot mondial...
Nous avons cherché en lisant nos confrères belges.
Dans son édition du 28 novembre, le quotidien La Libre assure que les autorités de la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, la cathédrale de Bruxelles, ont été associées à la démarche et ont validé le projet. On voit mal, en effet, l’Église catholique, fusse-t-elle belge, donner des gages ou prêter le flanc à la propagande salafiste.
Quant à l’auteure, Victoria-Maria Geyer, elle n’a pas vraiment le profil d’une radicalisée. On peut lire dans un article d’Agnès Zamboni, journaliste au Soir, qui a rencontré l’artiste : « Longtemps spécialisée dans l’aménagement de maisons et appartements privés, elle développe, depuis trois ans, des chantiers dans le domaine de l’hospitalité et de l’hôtellerie, avec la collaboration d’architectes. L’année 2026 verra l’ouverture de son premier club privé pluridisciplinaire parisien, d’esprit anglo-saxon, qui intègre un bar, un restaurant, une piscine, une salle de fitness, dont elle a signé l’identité décorative. » - Il faut vite prévenir les services de Laurent Nunez de l’arrivée imminente d’une dangereuse activiste islamiste.
« Plus grosse est la ficelle, plus la machine fonctionne » disait Jacques Chirac. Alors quitte à parler chiffons autant les agiter surtout s’ils sont rouges comme la thèse islamiste de Florence Bergeaud-Blackler. Le Figaro et Valeurs actuelles, le JDD ne se sont pas fait prier pour la relayer à leurs lecteurs et rappeler, au passage, des événements français impliquant des figures sans visage comme le documentaire « Zone interdite » de janvier 2022 où, à Roubaix, la vendeuse d’une boutique de poupées sans visage expliquait « Seul Allah créé », ou encore, l’inauguration, cet été, d’une fresque dans les parties communes de la tour d’une cité de Villeurbanne figurant une fillette voilée et un personnage sans visage.
On ne voit pas ce que ces événement ont de commun avec celui festif et éphémère d’une crèche de Noël à Bruxelles. Il suffit de lire à nouveau la presse belge pour s’en convaincre. La Libre nous rapporte que « la Ville de Bruxelles aurait décidé de se séparer de son ancienne crèche devenue trop vétuste et difficile à transporter, pour la remplacer par une création plus contemporaine. Une première pour la Ville de Bruxelles qui ne faisait pas appel à des artistes contemporains pour ce type d’événement annuel. Cet été, Victoria-Maria Geyer a reçu un e-mail et appel d’offres l’invitant à proposer un projet pour imaginer la crèche 2025/26 de la Grand-Place. Elle a répondu et son projet de nouvelle version de la Nativité du Christ, réalisée avec l’Atelier By Souveraine, de Forest, a été retenu ». L’installation, nous dit encore le journal, « se démarque des présentations très classiques des années précédentes. Intitulée « Les étoffes de la Nativité », cette crèche « inspirée des tentes nomades et des cieux étoilés, se compose d’un abri aérien protégeant des poupées de chiffon grandeur nature, habillées de vêtements colorés et folkloriques, célébrant l’artisanat et les traditions textiles anciennes. Les tissus drapés mettent en relief les vêtements chaleureux des personnages, auxquels s’ajoutent deux animaux en tissu. ».
Et bien oui, « Exit les santons traditionnels. » comme le déplore le Figaro, mais cela ne fait pas pour autant de la représentations originale de cette crèche une mosquée salafiste et des personnages en chiffons - et donc forcément sans visages - de Jésus, Marie, Joseph, des ayatollahs.
Dans son concert de critiques infondées et dommageables pour la Ville de Bruxelles et l’Église catholique belge, directement et indirectement mises en causes, la presse conservatrice (et catholique) française a commis plus d’une erreur dans son traitement « théologico-journalistique » de ce sujet. Son incompréhension de l’événement repose sur de l’incrédulité face aux faits (celle de Saint-Thomas, le seul des 12 apôtres à douter de la résurrection de Jésus) et les conclusions qu’elle en tire sur le détournement religieux des personnages flèchent une question fondamentale de la foi posée à toutes les religions « Faut-il voir pour croire ? » La religion chrétienne et catholique a répondu depuis longtemps, non, sans pour autant condamner l’adoration des images comme c’est le cas dans le judaïsme et dans l’islam, où l’interdiction de représenter une figure divine vient formellement du second commandement de Dieu pour la première et de la sourate
Ainsi, d’un point de vue théologique et religieux, ce qui aurait pu être reproché à cette crèche chrétienne / catholique, à cette initiative, à cette artiste et à sa création, outre son modernisme, c’est d’être iconoclaste au sens de la doctrine « iconoclasme » de la non vénération des icônes, destructrice d’images saintes, longtemps opposée à celle de l’ « iconodulie », superstitieuse, et encourageant l’adoration des images.
C’est bien là ce que l’on aurait voulu lire sous la plume de nos « spécialistes » en religion et « professionnels de l’information » français pour comprendre et apprendre de cet événement, de l’installation par le diocèse et la Ville de Bruxelles de la crèche de Noël « Les Étoffes de la nativité », visible jusqu’au 7 janvier 2026.

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