Turquie : réouverture de la plus grande église arménienne du Moyen-Orient
Ce dimanche 8 mai 2022 a été un jour historique pour la communauté chrétienne arménienne de Diyarbakır, ville du sud-est de la Turquie à majorité kurde et préfecture de la province du même nom. Elle a pu à nouveau célébrer l’office dominical dans l’église Saint-Cyriaque (Surp Giragos), la plus grande église arménienne du Moyen-Orient. Elle a accueilli jusqu’à 3.000 fidèles.
En 2015, l’église Saint-Cyriaque a reçu le prix de l’Union européenne pour le patrimoine culturel (le prix Europa Nostra). Mais en 2015-2016, la ville a été prise dans des affrontements entre l’armée turque et des membres armés du Parti des travailleurs kurdes (PKK) et l’église a subi d’importants dommages et a été fermée. Durant cette bataille le gouvernement turc s’est emparé de l’église et toutes les autres églises de la ville. Depuis, les autorités turques ont largement contribué aux côté de la communauté locale à la restauration de l’église. C’est pourquoi, le 85e patriarche arménien de Constantinople Sahak II Mashalian et le ministre turc de la Culture et du Tourisme Mehmet Nuri Ersoy étaient présents à l’office.
Une église d’une valeur historique et artistique exceptionnelle.
Réouverte au culte après plusieurs décennies d’inactivité le 23 octobre 2011, cette église est l’un des plus grands édifices religieux arméniens de tout le Moyen-Orient. Construite en 1376, l’église qui se caractérise par sa façade à sept autels alignés a une valeur historique et artistique exceptionnelle.
Comme de nombreux autres édifices religieux chrétiens en Turquie (dont Chora et Sainte-Sophie), elle a cessé d’être utilisée comme église lors de la transition entre l’Empire ottoman et la république turque. En 1913, l’armée impériale allemande l’a utilisée comme quartier général. Un canon a détruit son clocher en 1915. À la fin de la Première Guerre mondiale, elle est devenue un entrepôt de tissus, jusqu’aux années 1960, lorsque le gouvernement turc l’a rendu à la communauté arménienne locale, qui ne comptait alors que quelques dizaines de membres.
Cependant, le bâtiment était devenu largement inutilisable en raison de nombreux incendies et de longues périodes d’inactivité. En 2009, des Arméniens d’Istanbul ont créé un comité pour restaurer le bâtiment avec le soutien du patriarcat arménien de Constantinople. Après avoir obtenu le feu vert du gouvernement turc et recueilli des fonds auprès des Arméniens d’Istanbul et de la diaspora, ainsi que le soutien du ministère turc de la Culture et de la municipalité de Diyarbakır, les travaux de restauration ont débuté, à commencer par le toit recouvert de terre arménienne provenant des environs. Ainsi, contrairement à d’autres églises abandonnées qui ont été transformées en musées dans la Turquie post-ottomane, St Cyriaque est redevenu un lieu de culte. Aujourd’hui, elle couvre une superficie de 3 200 mètres carrés, avec un presbytère, d’autres chapelles et une école.
Lieu symbolique
En 1914, quelque 60.000 Arméniens vivaient à Diyarbakir, alors appelée « Diyarbekır ». Cest un lieu symbolique du génocide arménien, non seulement parce qu’il abritait une population très hétérogène – 30 % d’Arméniens, des Kurdes, des Syriaques, des Juifs, des Turkmène, mais aussi à cause du docteur Resit, gouverneur en 1915. Dans un télégramme, ce Dr Resit se félicitera d’avoir « réglé le sort » de 160.000 Arméniens. Tous les convois de déportés de la région passaient en effet par Diyarbekır, avant d’être envoyés en Syrie, à Deir ez-Zor, via Mardin.
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