«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

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  • Publié le 4 mars 2022

De la démocratie, du commerce et de la guerre

Toute démocratie repose sur l’action des citoyennes et des citoyens qui la composent. Nous approchons des élections présidentielles françaises au moment même où une guerre se déroule en Europe, que les Ukrainiens se battent pour la démocratie, pour leur démocratie. L’anxiété et la confusion se répandent. La violence et la barbarie explosent à nos frontières. La démocratie n’apparait donc plus ici garante de paix et de sérénité mais le ferment de la guerre.
« L’effet naturel du commerce est de porter à la paix » assénait Montesquieu dans L’Esprit des lois (Livre XX, 2) établissant entre douceur et commerce une nette corrélation : « c’est presque une règle générale, que partout où il y a des mœurs douces, il y a du commerce, et que partout où il y a du commerce, il y a des moeurs douces », écrit-il au tout début des livres qu’il consacre au commerce. Ainsi, les effets pacificateurs du commerce s’observeraient aussi bien dans les conduites privées, dans les moeurs, qu’au niveau politique, entre les États comme au sein de ceux-ci. C’est la théorie du « doux commerce » qui dispose que les relations commerciales entre des pays créent des liens d’interdépendance entre ces derniers, et que ces liens incitent les gouvernements à ne pas entrer en guerre.
Au XVIIIe siècle, le sens très général du mot « commerce » ne se limitait pas aux seules marchandises, mais désignait toute forme d’échange, intellectuel ou affectif autant que matériel. Montesquieu, dans le livre qu’il consacre à l’histoire du commerce, qui est pour lui celle de « la communication entre les peuples » (Livre XXI, 5), y associe les grandes découvertes maritimes et commerciales de l’époque moderne la diffusion des progrès techniques (boussole, imprimerie) et le développement des connaissances.
Au XXIe siècle, la guerre en Ukraine tendrait à valider cette théorie dans un terrible contre-exemple. L’absence de commerce, d’échanges, entre la Russie et l’Ukraine du fait du problème politique du Dombass est le ferment du conflit actuel et de l’invasion.

Le commerce tendrait-il à se substituer en tant que puissance à la guerre et à la conquête, et même à la démocratie pour installer et garantir la paix entre les États ? Aurait-il un effet civilisateur ?
Montesquieu réfute lui-même cette idée en énumérant les effets corrupteurs de la généralisation d’un esprit de commerce qui est un esprit de calcul : « on trafique de toutes les actions humaines, et de toutes les vertus morales : les plus petites choses, celles que l’humanité demande, s’y font ou s’y donnent pour de l’argent ». Plus tard, l’abbé Raynal, Diderot et bien d’autres auteurs penseurs contemporains ont pu montrer que le commerce, loin d’être associé à la douceur des moeurs, s’accompagnait de violences : celles de l’esclavage, de la piraterie et du monopole.
Cette opposition de la vertu et du commerce, et surtout cette critique de la réduction marchande de toutes les valeurs, y compris celles de la dignité humaine, est le support des critiques du libéralisme, du capitalisme. Des régimes politiques et économiques portés par la démocratie que Vladimir Poutine abhorre, qu’il compare au nazisme, « une idéologie occidentale vaincue par la Russie » pour justifier au nom du peuple russe son infâme invasion de l’Ukraine. Lui qui utilise tous les codes du nazisme pour soumettre dans le sang l’Ukraine et sa population.

La démocratie, comme le commerce, n’est-ce pas une certaine façon de faire confiance à la diversité des tendances humaines, de supposer les hommes intéressés sans pour autant les supposer nécessairement méchants ?

Evénement
Solidaires !

L’invasion de l’Ukraine par la Russie ne doit laisser personne indifférent !!! Outre les condamnations, il faut agir pour redonner et garantir son intégrité territoriale à l’Ukraine afin d’empêcher tout autre pays de suivre l’exemple terrible de cette invasion par la force.

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