«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

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  • Publié le 30 octobre 2020
  • Mise à jour: 1er novembre 2020

Attentats : Dieu existe-t-il encore, et pour qui ?

Commettre un attentat sur des priants c’est profondément a-théologique et antireligieux. Ce n’est ni plus ni moins que la négation de Dieu et de l’idée de Dieu. Car égorger quelqu’un en disant que « Dieu est grand ! », c’est totalement impensable, inhumain, ignoble et blasphématoire vis à vis de de Dieu.
En commettant un tel crime dans une église, ces terroristes cherchent à opposer l’islam à l’Église catholique, tentent de diviser en France la communauté catholique et la communauté musulmane et attaquent les valeurs de la République en les séparant. Comment interpréter autrement cette succession d’attentats ? L’attentat d’hier commis dans la basilique de Nice vise l’Église catholique mais aussi la liberté de culte et à la possibilité de croire ou de ne pas croire, c’est une attaque contre des citoyens français et l’expression de la citoyenneté française. Il succède à l’assassinat du professeur Samuel Paty, décapité le 16 octobre par un islamiste pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet à ses élèves lors d’un cours sur la liberté d’expression, un attentat commis devant l’École de la République contre le savoir et la connaissance, l’histoire et le civisme français. Et encore une dizaine de jours auparavant, au pied des anciens locaux de Charlie-Hebdo, ce sont cette fois, la liberté, les libertés de la presse et d’expression non censurée qui étaient meurtries.

Depuis le discours d’hommage national à Samuel Paty d’Emmanuel Macron défendant toutes nos valeurs au travers de la liberté de caricaturer, une campagne de boycott vise les produits français dans le monde musulman. Le président français est accusé d’être antimusulman et la France, un pays hostile à l’islam. Pour contrer cette tendance, Emmanuel Macron s’est logiquement tourné vers les responsables musulmans français, dont ceux du Conseil français du culte musulman (CFCM), principal interlocuteur des pouvoirs publics. Et il a eu raison. Son discours du 2 octobre et ses deux prises de parole après l’assassinat de Samuel Paty - outre d’engager une riposte efficace du Gouvernement et du ministre de l’intérieur contre la mouvance islamiste - ont provoqué un changement dans le discours du CFCM, pas simplement en mettant ce dernier au pied du mur de l’horreur des événements mais en suscitant et obtenant son adhésion explicite et publique au destin de la France.
Ainsi, dans ses dernières allocutions, le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, a indiqué que les musulmans de France doivent « défendre l’intérêt » du pays face à la campagne de boycott qu’il considère comme « contre-productive » et créant de la « division ». Et encore hier, après l’attentat de Nice, il a déclaré officiellement au nom du CFCM : « Je condamne avec force l’attentat terroriste qui s’est produit près de la basilique Notre-Dame de Nice. En signe de Deuil et de solidarité avec les victimes et leurs proches, j’appelle les musulmans de France à annuler toutes les festivités de la fête du Mawlid ». Il faut le souligner et le voir comme le signal positif d’une prise de conscience que l’on espère collective et manifeste pour être large, familiale et citoyenne. Pour y parvenir, la République française doit aussi y contribuer par plus d’attention aux discriminations de toutes sortes et surtout en défendant pied à pied ses trois valeurs et la laïcité qui les cimente. Ce « Paradis républicain » a un avantage sur tout autre forme de paradis, c’est qu’il se vit ici et maintenant pour le meilleur et parfois, malheureusement, pour le pire.

Le mot et le concept de paradis appartient aux religions abrahamiques. Lorsque dans certains de leurs courants, il y est érigé en dogme, que l’on fait du paradis l’ultime récompense, le risque est alors grand de rendre l’existence accessoire aux yeux des fidèles, de dévaloriser la vie d’ici et donc aussi les vivants. Le meurtre au nom d’une religion n’existe pas sans ce fondamentalisme religieux.
Il y a ainsi deux voies à la religion ; celle de la recherche des faveurs de Dieu qui au fond pour l’essentiel n’agit pas, elle n’enseigne que la prière et le désir, l’homme n’a pas à y devenir meilleur fut-ce par la rémission des péchés ; et puis il y a la religion morale, elle intéresse la bonne conduite de la vie, elle commande le faire, elle y subordonne et en dissocie le savoir, elle prescrit le devenir meilleur en agissant à cette fin, là où, écrit Kant, « le principe suivant garde sa valeur : ’’ Il n’est pas essentiel ni par suite nécessaire à quiconque de savoir ce que Dieu fait ou a fait pour son salut’’ mais bien ce que lui-même doit faire pour se rendre digne de ce secours ». C’est ainsi que le philosophe allemand définit une « foi réfléchissante » qui ne dépend essentiellement d’aucun concept historique et s’accorde ainsi à la rationalité pure pratique. Elle favorise la bonne volonté au-delà du savoir. Elle s’oppose ainsi à la « foi dogmatique » et si elle tranche avec celle-ci, c’est que la foi « dogmatique » prétend savoir et donc ignore la différence entre foi et savoir.
La définition de la « foi réfléchissante » de Kant est avant tout morale et lie indissolublement l’idée de la moralité pure à la révélation chrétienne. L’universalité inconditionnelle de l’impératif catégorique « devoir », y est évangélique, la loi morale s’inscrit au fond de nos cœurs comme une Passion. Mais, dans le même temps, pour se conduire de façon morale, pour faire le Bien pour soi et pour les autres, il faut faire comme si Dieu n’existait pas où ne s’occupait plus de notre salut. L’expérience de cet abandon, n’amène-t-il pas les croyants chrétiens, juifs et musulmans à endurer ici-bas dans l’histoire phénoménale, la mort de Dieu, seulement et toujours vivant dans la conscience et l’humble silence des bonnes actions ?

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L’invasion de l’Ukraine par la Russie ne doit laisser personne indifférent !!! Outre les condamnations, il faut agir pour redonner et garantir son intégrité territoriale à l’Ukraine afin d’empêcher tout autre pays de suivre l’exemple terrible de cette invasion par la force.

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