«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

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  • Publié le 25 octobre 2019
  • Mise à jour: 4 novembre 2019

En pleine « Islamophonie »

Hier à la Réunion, le Président de la République Emmanuel Macron a déclaré « Le port du voile dans l’espace public n’est pas mon affaire », ajoutant toutefois dans la foulée que le foulard islamique pouvait servir d’instrument au séparatisme et au communautarisme. La semaine dernière, il avait dénoncé les « amalgames » visant les musulmans, hier, il a fustigé « le débat qui consiste à ne stigmatiser qu’un seul signe religieux ». Il faut suivre.

Face au chef de l’État qui recule sans cesse sa promesse d’un grand discours sur la laïcité, les esprits s’agitent. La nature comme la politique a horreur du vide. Depuis l’épisode du Conseil Régional de Bourgogne Franche-Comté, les tribunes sur le sujet fleurissent dans les média : 28 organisations féministes s’élèvent contre les discriminations envers toutes les femmes, avec ou sans voile (Mediapart), 90 célébrités protestent contre l’islamophobie (le Monde) ; 100 élus locaux dénoncent la stigmatisation des musulmans ; 101 musulman(e)s de France jugent que ’Le voile est sexiste et obscurantiste’ (Marianne). Là encore, il faut suivre.

Côté politique cela s’agite également. Marine Le Pen ne tient pas un autre discours que celui du président quand elle demande aux juifs de faire un effort et d’enlever leur kippa afin qu’une loi puisse enfin interdire tout signe religieux dans l’espace public.
Les Républicains annoncent le dépôt d’une proposition de loi pour interdire les listes communautaires en vue des élections municipales Bruno Retailleau, sénateur LR de Vendée expliquant : « Il n’y a pas la place en France pour le communautarisme. On ne peut pas supporter que des partis s’adressent à une section du peuple français ». La liste visée par cette proposition de loi n’est autre que l’Union des Démocrates Musulmans Français (UDMF), parti fondé en 2012 par Nagib Azergui et qui a recueilli 28447 voix aux élections européennes du 26 mai 2019.

Mais l’initiative sénatoriale à propos des élections municipales à venir met bien en lumière les deux dimensions des problèmes que la société française affronte aujourd’hui, et l’inextricable sujet du port du voile islamique en est un symptôme. Tout comme le tropisme d’élections nationales et européennes est celui de l’opinion, de l’émergence des idées, quitte à en rester là, celui des scrutins locaux est celui de la population, du quotidien de ceux et celles que les élus locaux croisent dès qu’il sortent dans la rue, des problèmes qui ne peuvent « en rester là », qui augmentent sans jamais être résolus faute de moyens et d’unité entre ceux qui pensent et ceux qui agissent.
Face à l’apparition de cette nouvelle fissure dans « la fracture sociale » qui n’est plus une formule politique parmi d’autres mais une réalité du quotidien, il me vient à l’esprit cette sentence d’un moine bouddhiste japonais du XIIIe siècle : « Lorsque Itai Doschin, un même cœur dans des corps différents, prévaut parmi les hommes, ils sont assurés d’atteindre leur but. En revanche s’ils agissent en Dotai ischin, un seul corps mais cœur divisés, ils ne peuvent rien réaliser de remarquable  ». L’énoncé sous forme de parabole de cette pensée en fera certainement sourire certains qui la trouveront naïve ou décalée, mais elle a été écrite durant la période troublée de Kamakura, une période où le pouvoir de la cour impériale du Japon s’efface devant les clans de samouraïs qui vont se livrer une guerre jusqu’à l’instauration du premier shogunat (gouvernement des guerriers).

Alors, en cette période « d’Islamophonie » au bruit sourd de la discorde et de l’affrontement, il semble donc urgent de trouver les mots, le chemin des cœurs et retrouver la paix sociale.
Selon Le Canard enchaîné, Olivier Faure, le premier secrétaire du PS envisagerait de prendre la parole en décembre et de faire un « grand discours » sur la laïcité. Une indiscrétion qui va probablement amener le chef d’État à tenir sa promesse et faire de même très rapidement. C’est à souhaiter.

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