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- Publié le 11 septembre 2020
- Mise à jour: 12 septembre 2020
Ensauvagement et séparatisme à livre ouvert
Depuis quelques jours, deux substantifs, « ensauvagement » et « séparatisme », ont envahi le débat public d’une controverse politico-sémantique qui a fini par nous faire perdre le fil de ce qu’ils voulaient dire. À vouloir extraire la vérité des mots, ne court-on pas le risque de leur faire perdre leur signification ? En attendant qu’advient-il des réalités tangibles de la vie française qu’ils étaient censés désigner pour mieux les affronter.
C’est le travers de tout discours politique : substantiver au risque de l’amalgame et de la perte de sens. Ainsi comme l’automobiliste jette un coup d’oeil dans ses rétroviseurs pour effectuer un trajet sans risque, le débatteur public gagnerait en efficacité à se replonger de temps à autre dans les définition des dictionnaires ou des encyclopédies pour être sûr de conduire toujours clairement sa pensée.
En France, avec le séparatisme basque nous avons récemment et concrètement affrontés la définition encyclopédique du substantif séparatisme : cette volonté attribuée à un groupe humain géographiquement localisé, possédant une homogénéité ethnique, linguistique et religieuse, une tradition historique commune, de se détacher de l’État pour constituer une entité politique. Aujourd’hui, le séparatisme « islamiste » dénoncé se déploie dans la France entière et sur des motivations religieuse. Si cela constitue une différence radicale avec le précédent, il est important de souligner que ce séparatisme est porté par une génération. Ce n’est pas nous qui le disons mais le récent sondage Ifop où il apparaît que 74% des jeunes Français musulmans de moins de 25 ans inclinent pour un islam radical et rigoriste qui prône la priorité des lois religieuses sur les lois de la république. Il montre aussi que cette radicalisation est générationnelle. Au delà de 25 ans, plus les pratiquants sont âgés, plus ils sont minoritaires dans cette démarche. Donc le séparatisme en question est avant tout une histoire et non un phénomène, l’histoire de cette couche générationnelle d’une jeunesse désoeuvrée, sans racines solides et sans perspectives dans laquelle les intégristes islamiques de tous bords viennent fouiller, sans être dénoncés ou inquiétés, pour en extraire le pire et non le meilleur. C’est la République qui en extrait le meilleur, les exemples de réussites son nombreux. Ce que l’État doit donc continuer à marteler c’est que l’immigration est au fondement de notre société, des millions de Français ont des ascendants d’origine étrangère à moins de trois ou quatre générations. Et bien entendu, plus que des mots, il faut des actes. L’Education nationale a engagé le processus pour la plus jeune génération. Emmanuel Macron en a même fait une de ses mesures phares avec la mise en œuvre des classes de CP à 12 élèves en zone prioritaire. Pour ce qui concerne les plus âgés (cela commence au collège et au lycée) il faut aller dans les quartiers chercher les talents, organiser des « recrutements républicains » des bonnes volonté à vouloir s’en sortir, à quitter le commerce et l’usage de la drogue et de la violence, d’ailleurs en rien compatibles avec les préceptes même de l’islam.
Encore des mots, pourrait-on dire. Oui mais qui les prononce ? En politique les mots ou les expressions nous en disent souvent plus sur ceux qui les prononcent que sur ce qu’ils signifient. Interrogé sur la connotation raciste de ce terme d’ « ensauvagement », Gérald Darmanin a expliqué ne pas avoir fait de lien direct entre les deux. Dont acte ! Cependant personne ne devrait ignorer que depuis le XIIe siècle, le terme « sauvage » est utilisé pour désigner les étrangers, assimilés à des peuples sous-civilisés. Puis l’emploi du mot « sauvage » dans l’histoire culturelle française a dépassé la notion d’animalité pour toucher l’histoire de l’esclavage. Le sauvage s’est trouvé redéfini à ce moment-là en opposition au colonisateur, au civilisé. Il faudra attendre 1950 et le Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire pour que cette idée soit renversée. Aimé Césaire y retourne l’accusation de sauvagerie vers les colons dont il condamne les exactions, montrant comment « le colonialisme travaille à déciviliser le colonisateur », à faire passer sous silence les expéditions punitives sur les étrangers, les prisonniers ficelés, les fillettes violées, les exactions de toutes sortes, diffusant « ce poison instillé dans les veines de l’Europe et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent ». Mais entre ces deux dates, il y a pourtant eu, souvenons-nous, la théorie ou le mythe du bon sauvage : l’homme naît bon, c’est la société qui le déprave selon la thèse de Rousseau développée dans son Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes et l’Emile (traité sur l’Education). La société responsable de l’ensauvagement des hommes ? Quel paradoxe ! Et pourtant nous y sommes en plein dans ce paradoxe.
Le verbe ensauvager quand il est transitif signifie rendre sauvage. Employé avec un pronom réfléchi il exprime le fait de se rendre, de devenir sauvage. Avec le suffixe « ment », il devient ensauvagement, c’est à dire une chute dans la sauvagerie. La thèse de Rousseau sur le rôle de la société revient ici en force pour nous interroger sur la faillite de l’école républicaine, la mauvaise ou l’absence d’éducation des parents, leur démobilisation et même sur le sujet de l’immigration, d’autant plus inflammable et détestable qu’il est inepte en tant que cause. Mais la thèse de Rousseau ne nous interroge-t-elle pas pour mieux se vérifier lorsqu’il s’agit de parler d’un retour à la barbarie, de la violence dans les rapports entre les personnes comme phénomène sociologique ? Et puis aujourd’hui dans nos sociétés, qui pense encore que l’homme nait mauvais ? Même chez les chrétiens, il y a bien longtemps que la doctrine du péché originel n’entache plus les naissances. Mais pour revenir à « ensauvagement » , Gérald Darmanin, comme quiconque, ne peut donc pas s’affranchir de l’histoire culturelle de ce mot, même si avant tout pour lui, en tant que Ministre de l’Intérieur, « ensauvagement » est une perception de faits (nombre et intensité), d’un phénomène d’un aspect de notre réalité sociale.
Enfin, en ce 11 septembre 2020, on ne peut échapper à évoquer le triste anniversaire de l’attentat des tours du World Trade Center et avoir une pensée pour ces milliers de victimes de la cruauté et de la sauvagerie des terroristes islamistes. Depuis 2001, ces épisodes n’ont cessé de se répéter dans le monde, ne le rendant pas plus sauvage mais plus inhumain. Car le monde sauvage, au vrai sens du terme, nous ne pouvons aujourd’hui plus qu’en rêver tant nous nous sommes acharnés, particulièrement ces 40 dernières années à sa colonisation, à sa destruction, à son ensauvagement... Mais cela c’est une autre histoire.
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L’invasion de l’Ukraine par la Russie ne doit laisser personne indifférent !!! Outre les condamnations, en 2024, il faut continuer d’agir pour redonner et garantir son intégrité territoriale à l’Ukraine afin d’empêcher tout autre pays de suivre l’exemple terrible de "l’opération spéciale" russe.
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