«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

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  • Publié le 2 avril 2021
  • Mise à jour: 8 avril 2021

Explications en laïcité

Aujourd’hui, le mandat des membres de l’Observatoire de la laïcité touche à sa fin. Cette semaine, la ministre déléguée Marlène Schiappa a annoncé aux sénateurs la fin de l’Observatoire de la laïcité et son remplacement par deux structures dont une administration. Trop tôt pour commenter ce changement, Jean Castex devant s’exprimer prochainement sur le sujet. Elle a aussi salué publiquement le travail accompli par Jean Louis-Bianco durant les 8 années d’exercice de cette instance qui a, il faut le souligner, contribuer à clarifier et à défendre, notamment avec ses fiches pratiques, la compréhension et la mis en oeuvre de la laïcité.
Il reste encore beaucoup de travail à accomplir pour qu’elle soit comprise et pleinement appliquée par tous, non pas comme un dogme, mais bien comme le ciment des trois principes ou valeurs qui gouvernent notre République. Car la laïcité n’est en rien un pouvoir mais un devoir... Et en cela, lui chercher des excuses dans la multiplication de ces formes, comme la laïcité dite « inclusive » prônée par certains, la rend impraticable, incompréhensible au regard des valeurs et des principes de la République - liberté, égalité et fraternité - auxquels on entend qu’elle soit un des piliers, voire même le pilier.

Cette semaine, contre l’avis du Gouvernement et face à l’opposition de la plupart des sénateurs issus de la gauche, plusieurs amendements ont été adoptés ces dernières nuits dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg. Les sénateurs de droite ont ouvert le débat en faisant voter dans la soirée un amendement à l’article 1 du projet de loi « confortant le respect des principes de la République », interdisant le port de signes religieux ostensibles lors des sorties scolaires. Ils ont également adopté un amendement visant à interdire le port du burkini dans le règlement des piscines et des baignades collectives publiques en inscrivant l’obligation du respect des principes de neutralité des services publics et de la laïcité. Si l’adoption de cet amendement permettra d’accompagner les maires dans la lutte contre des comportements communautaristes (sans référence théologique et religieuse) qui divisent la société, en leur donnant un fondement légal sur lequel s’appuyer, il n’a cependant rien à voir avec le contenu des principes de la laïcité (séparation des Églises et de l’État, liberté de conscience, de croire ou de ne pas croire et liberté de culte). Aucun d’eux n’est mis en jeu ici. L’hygiène et la sécurité sont les seuls critère légalement opposables et applicables.
Les sénateurs se sont également prononcés contre le port du voile par les mineures dans l’espace public au nom du respect du principe d’égalité entre les femmes et les hommes. Là encore ce sont les droits de l’enfant qui sont en jeu et non pas seulement l’égalité des femmes et des hommes adultes, en pleine possession de leurs droits pour la revendiquer eux-mêmes, individuellement, dans les associations, les syndicats, les partis politiques existants ou à constituer.
Enfin, les sénateurs ont adopté, dans la soirée de mercredi à jeudi, un amendement permettant aux maires d’interdire d’arborer des drapeaux étrangers dans les salles de mariage et aux abords de l’Hôtel de Ville. Cela démontre bien l’angle sous lequel le problème de la lutte contre « les séparatismes » est vu. D’ailleurs s’agissant de la mosquée Eyyub Sultan du Millî Görüs, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a reproché à la mairie écologiste de Strasbourg de financer une « ingérence étrangère », en l’occurrence de la Turquie, sur le sol français, et non l’islam.

Si la protection des symboles de notre République et notre souveraineté nationale doivent être défendus sur notre territoire et au sein même de notre société c’est bien que le problème est d’ordre social et politique, d’un désordre social et politique, d’une promesse républicaine non tenue. On mesure alors la confusion semée autour de la laïcité avec les phénomènes de « séparatisme » et de « communautarisme ». Quoi que l’on en pense, tels qu’ils sont à l’oeuvre, et dangereusement, dans notre pays, ils ne s’opposent pas au seul principe de laïcité, mais à celui du respect de la constitution, des lois et des valeurs de la République. De ce point de vue, le titre choisi par le gouvernement pour sa loi dite « contre les séparatisme » s’en trouve pleinement justifié mais son contenu lui l’est beaucoup moins ; souvent attentatoire aux libertés et peu adéquat et efficient face aux situations de fractures sociales (et non religieuses) qu’il entend corriger.
Ces trois piliers ne doivent pas être des piliers inertes, « panthéonisés », mais des symboles, des maximes de notre république qui renvoient à quelque chose et se vivent comme des devoirs, comme des fins pour soi et en soi.

Dans la Fondation de la Métaphysique des Moeurs Emmanuel Kant parle de l’idéal d’un règne des fins dont le principe est la deuxième formulation de l’impératif catégorique « agis de façon que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme fin, jamais simplement comme moyen ». Ce principe qui veut que l’humanité et toute nature raisonnable (tout homme raisonnable), soient envisagées comme une fin en soi - constituant ainsi la condition suprême qui vient limiter la liberté des actions de tout homme - n’est pas un principe tiré de l’expérience, mais de l’universalité qu’il a à s’appliquer à tous et à être garanti par chacun. Kant énonce ainsi les principes de notre triptyque républicain. La forme de l’impératif est là pour nous aider à tenir cette « promesse républicaine » qui concerne et oblige tous les Français, et la laïcité à mieux la comprendre.

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