«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

Cet article est en consultation libre

  • Publié le 15 avril 2021
  • Mise à jour: 16 avril 2021

Faire vivre la « promesse républicaine »

« Dans les pays musulmans, c’est le début d’un nouveau ramadan confiné » titrait le 13 avril dernier le journal suisse Le Temps. Ce titre, pourtant très banal m’a troublé.
D’abord, la forme. La manière dont le journaliste a rédigé son titre, a pour effet de mettre à distance ce qu’il annonce, exclut la Suisse des pays musulmans. Pourtant en Suisse, l’islam constitue la troisième religion, même si elle n’est pas reconnue comme religion officielle. La communauté musulmane y compte 450 000 membres de plus de 30 nationalités, soit 5 % de la population (un peu plus de 10 % en France). Près de 350 associations y représentent les intérêts des musulmans dont seuls, selon une étude fédérale, 10 à 15 % pratiquent dans les trois cents mosquées que compte le pays. Donc, comme partout dans le monde, le ramadan a aussi débuté en Suisse le 13 avril. Mais il est vrai, après vérification, que l’évènement n’a pas donné lieu à une médiatisation tous azimuts dans la presse helvétique, comme cela été le cas en France et comme nous-même, quelques jours plus tôt, avons aussi écrit un article pour annoncer ce ramadan 2021 qui débute pour la seconde fois en période de pandémie.

Ensuite le fond. À la lecture de ce titre, j’ai éprouvé le sentiment dérangeant et étrange d’un ailleurs qui serait devenu mien, un « ici ». Oui, je réalise que la proposition circonstancielle de lieu « Dans les pays musulmans » m’a saisi d’une drôle de réalité. Elle me questionne. Serions-nous devenus l’un de ces pays musulmans que désigne ce journaliste suisse ? En même temps que je m’interroge, je suis ardemment convaincu qu’en France, au pays de la laïcité, pour aucune des religions, tout comme Evian n’est pas en Suisse, la question ne se pose pas et ne doit pas se poser en ces termes.
Et pourtant. Le battage autour de ce tweet d’Evian plus anecdotique que polémique et sans réel intérêt journalistique, la couverture médiatique de ce début de ramadan 2021 confiné à l’épidémie, aux tiraillements entre fédérations musulmanes, et à l’entrisme du Millî Görüs, ne font que distiller à l’intérieur et à l’extérieur du pays, l’idée d’une France où cette tradition religieuse musulmane - plus évoquée dans les médias que ne l’ont été le carême et la Pâques chrétienne ou encore la Pessa’h juive - domine l’actualité, s’impose comme un fait majeur de la société française, d’une société dont l’islam semble être à la fois graine et fruit de discorde.
En y réfléchissant, il y a 20 ans, avant le 11 septembre 2001, la lecture de ce titre ne m’aurait surement pas fait réagir. Vu d’Europe, les pays musulmans désignaient alors un lointain identifié au Maghreb, au proche et au moyen-orient, à leurs conflits, et à certaines cultures africaines.
Aujourd’hui la culture musulmane et sa tradition religieuse sont devenues une composante de la sociologie française. Elles participent du fonctionnement de la société et de fait, de sa transformation. Il est illusoire de penser et de voir les choses autrement et de revenir à un état antérieur.

La question se pose alors différemment. Il s’agirait plutôt de déterminer quel rôle et quelle place peuvent tenir les religions dans la société française, au sein de la culture française, sans en dénaturer l’essence républicaine, démocratique et laïque.
La pandémie, encore elle, nous offre un cruel contre-exemple en guise de première réponse : tous les lieux culturels et festifs restent fermés, quand les lieux de cultes, eux sont ouverts. Beaucoup moins nombreux que les spectateurs, les fidèles des religions n’en n’ont pas moins obtenu des droits, entrainant quelques excès comme on l’a vu récemment dans le 9ème arrondissement de Paris. Du point de vue de la démocratie c’est assez sidérant. Pour l’économie aussi, les commerces « non essentiels » en savent quelques chose. Heureusement le gouvernement subvient, et vient d’acter la tenue des élections régionales. Les milliers de fidèles de la démocratie locale pourront accomplir en juin leur devoir, pratiquer leur religion, celle de la démocratie locale. Ouf, on respire ! La France reste une République laïque et démocratique. La liberté de conscience et de culte y est un droit, mais bon, ceci proclamé, rien n’est pour autant solutionné. L’inspiration pourrait venir du discours des Mureaux d’Emmanuel Macron, la plus récente réflexion sur « la promesse républicaine », sans pour autant en être la première ni la plus complète. C’est donc aux moyens à consacrer à l’éducation et à la santé, aux mesures de justice et d’égalité donnant localement une place à chacun, que les candidats au scrutin régional doivent réfléchir et inscrire dans leur programme. Comme savent très bien le faire les religions, il faut pacifier les esprits, dissiper les angoisses.

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L’invasion de l’Ukraine par la Russie ne doit laisser personne indifférent !!! Outre les condamnations, il faut agir pour redonner et garantir son intégrité territoriale à l’Ukraine afin d’empêcher tout autre pays de suivre l’exemple terrible de cette invasion par la force.

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