«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

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  • Publié le 27 mai 2021
  • Mise à jour: 28 mai 2021

Kigali : réconcilier les vivants et les morts

Comment ne pas être convaincu que chaque individu doit se consacrer au bien de la société, et par extension à celui de l’humanité, vu qu’il n’existe que dans elles et par elles ? Pour Auguste Comte, philosophe positiviste, créateur de la religion de l’Humanité et du concept « d’autrui », il y a un capital immortel de forces collectives accumulés par la suite des existences individuelles, des générations ; et c’est à ce patrimoine que serait dû l’hommage pieux des peuples, enfin libérés de toutes les vieilles religions et de toutes les vieilles métaphysiques.
Il apparaît alors plus que jamais comme une évidence que le présent plonge ses racines dans le passé, comme l’avenir plonge ses racines dans le présent et que cela confère la responsabilité de l’instant présent qu’il soit acte, déclaration, proclamation, serment, reconnaissance, réconciliation.

C’est tout le sens et le courage de la vérité exprimés par Emmanuel Macron, ce jeudi à Kigali, dans son discours sur le génocide des Tutsis commis en 1994 au Rwanda sous les auspices pour le moins négligents et aveugles de la France.
Comme l’a écrit au XIVe siècle le soufi Cheikh Badruddin de Simawna dans ses Inspirations : « Quand une plume touche une feuille avant de se mouvoir et d’écrire un livre, elle commence par tracer un point. Ce point est le début et l’essence de toutes les lettres et de tous les mots de ce futur livre. Il les contient tous ». Il faut donc espérer que cette proclamation de vérité faite au nom de la France par le président de la République, ce point de départ, force dès aujourd’hui le trait de la dignité dans la pensée et tourne définitivement vers l’avenir le regard des hommes et des femmes, témoins d’hier et d’aujourd’hui de ce drame.

L’égalité femme-homme, est, on l’oublie trop souvent, le présupposé à toute déclaration proclamant une vérité et notamment celle des droits de l’Homme, et la base universelle de toute société démocratique. Etre sage, être un homme croyant ou non, un citoyen revient à dépasser ce que nos conditionnements nous incitent à être afin de parvenir à se transformer en ce que l’on est capable de devenir. Pour certains croyants, si la voie de la sagesse consiste à éliminer tout intermédiaire entre Dieu et soi-même, pour d’autres, cette tentation devient le danger de se voir comme Dieu lui-même, de s’arroger tous ses droits et de commettre en son nom toutes les barbaries. Quand l’idée de l’autre n’est pas celle de l’altérité, du « différent de moi » qui me définit, qui m’enrichit, alors les idées et les vies, les âmes et les corps sont comme une marchandise, monnayées, troquées, utilisées, jetées, détruites. Toute la grandeur et le devoir d’un individu et à fortiori d’un pays, d’une nation, d’un peuple, est de se penser comme une extension du « meilleur » de l’Autre et non pas de s’en faire la barrière. L’histoire n’épargne pas des erreurs, mais le temps les répare, entérine le retour à la concorde et à la paix, réconcilie les vivants et les morts. Ce fut le cas hier à Kigali. Le futur a plongé ses racines dans le présent.

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L’invasion de l’Ukraine par la Russie ne doit laisser personne indifférent !!! Outre les condamnations, il faut agir pour redonner et garantir son intégrité territoriale à l’Ukraine afin d’empêcher tout autre pays de suivre l’exemple terrible de cette invasion par la force.

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