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  • Publié le 23 avril 2021

La Laïcité dans tous ses "États"

La loi de 1905, loi de séparation des Églises et des États consacre notre principe de laïcité française et la séparation entre les sphères politique et religieuse afin de garantir la pleine application des trois valeurs qui forment notre devise républicaine. C’est sans aucun doute pourquoi nombreux sont ceux qui ont fait de la laïcité un principe absolu mais aussi un instrument idéologique au service d’ambitions politiques. Athéisme d’État pour les uns, neutralité de la société pour les autres, ou encore instrument anti-religion, le concept se décline également dans une version inclusive, plus « oecuménique », où la liberté religieuse incluant notamment le port de signes religieux comme le voile islamique le dispute au respect de l’ordre public.
Preuve de la diversité des conceptions de la laïcité, mardi 20 avril, lors de la table ronde lançant les « Etats généraux de la laïcité » de Marlène Schiappa, les six intervenants choisis par la ministre ont défendu des positions diverses sur la laïcité. Ainsi, le philosophe Henri Peña-Ruiz en a promu l’« universalisme », le rôle d’« émancipation » et l’« intérêt général » quand Gaspard Koenig appelait à « cesser de mettre cette question au cœur du débat public » et à ne pas y associer des « injonctions » qui n’ont « rien à voir » avec elle, comme l’égalité femmes-hommes. De son côté, l’essayiste Caroline Fourest a une nouvelle fois souligné que la laïcité était « en danger (…), en pleine crise des réveils religieux, fondamentalistes ».

Ceci se déroule au moment même où s’achève avec la première lecture au Sénat, une nouvelle étape du débat marathon et mouvementé de l’adoption du projet de loi « renforçant le respect des principes de la République ». Il reste encore au texte à passer en seconde lecture à l’Assemblée nationale pour être définitivement voté. Alors pourquoi le gouvernement se lance-t-il dans une telle opération ?
Présentés comme un moyen de toucher la jeunesse ces « États généraux de la laïcité » ambitionnent de tenir « un débat apaisé » en six thèmes : La laïcité et la liberté d’expression ; La laïcité, garante des droits des femmes ; Laïcité et recherche ; Laïcité et jeunesse ; Laïcité et intégration citoyenne ; La laïcité au travail. Mais franchement que vient donc faire dans un débat qui a trait à la laïcité, le sujet de l’intégration, sous-entendant évidemment celui de l’immigration ? C’est comme agiter le chiffon rouge, souffler sur les braises d’une Histoire toujours à vif.
Quelle urgence y a-t-il à ouvrir un tel débat en sortie (précaire) de confinement et alors que les discriminations perdurent dans le pays, que la pauvreté et le chômage persistent renforcés par une crise sanitaire qui s’éternise, que de nombreux secteurs de l’économie sont arrêtés, que le monde de la culture a baissé le rideau depuis plus d’un an.
Lancer un débat sur la laïcité dans les conditions actuelles n’a pas de sens, sauf celui de faire courir à la société française le risque de tourner un peu plus le dos à la réconciliation nationale et à l’apaisement.
Enfin, il n’aura échappé à personne que Marlène Schiappa fait actuellement des propositions pour remplacer l’Observatoire de la laïcité, placé sous la tutelle de Matignon. Que le sort de cette instance n’est pas tranché. Cette initiative, tout comme celle du fonds « Marianne » (2, 5 M €), lancée quelques jours plus tard pour soutenir financièrement des initiatives en faveur des « Valeurs de la République » permettent d’occuper le terrain. Le terrain des ambitions politiques face à Jean Michel Blanquer, l’autre pôle de la laïcité au gouvernement. Mais la laïcité n’est pas un pouvoir, pas un instrument de pouvoir mais un « savoir être ». Dans la République, pour tout le monde, elle se range côté devoirs.

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