«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

Cet article est en consultation libre

  • Publié le 25 juin 2020
  • Mise à jour: 30 juin 2020

La République commence dans la commune

Si « la République commence dans la commune » comme le titre très justement un communiqué de l’UFAL (Union des Familles Laïques), ceci pose nécessairement la question : comment y est-elle représentée ?
Unité de base de la République, cellule souche de notre édifice démocratique, la commune, les communes, sont les premiers garants de nos valeurs républicaines, liberté, égalité et fraternité, affichées sur les frontons de nos édifices publics et mises en œuvre par l’application du principe de laïcité. Oui, la laïcité tient une place centrale dans la vie et le fonctionnement des communes : neutralité des élus, des agents et des services publics, égalité de traitement des administrés quelles que soient leurs origines et leurs croyances, mais aussi liberté de conscience pour tous car la laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres mais la liberté d’en avoir une.
Chaque nouvelle élection municipale amène toujours son cortège d’interrogations et d’inquiétudes sur cette représentativité de la République au sein des communes au travers de la composition des listes électorales et des forces politiques en présence et leur corolaire de clientélisme et de communautarisme culturel et religieux. Mais n’est-ce pas aussi l’expression de la diversité française, de la réalité de la composition de la société française d’aujourd’hui ?

Je me souviens que le président de la République n’avait pas exprimé autre chose dans son discours du Congrès des maires 2019, quand il avait convoqué le principe de liberté pour balayer l’idée d’une loi visant à interdire les listes communautaires aux municipales de 2020 et en s’interrogeant notamment sur les critères qui permettraient d’en juger et d’en décider pour telle ou telle liste.
Bien sûr, on ne peut ignorer que lors du dernier scrutin en 2014 et que dans le premier tour de celui-ci, dans de nombreuses communes, notamment dans les banlieues des métropoles, la constitution de listes électorales n’a pas été que politique. Elle a pioché des candidats dans les diverses communautés, y compris religieuses, et ceci au nom d’une vertu républicaine, récente : la Diversité et sa représentativité.
À l’époque, le Président de la République et le Premier ministre Edouard Philippe avaient aussi déclaré que la lutte contre le communautarisme est « un grand combat républicain ». Ils ont toujours raison. Les élections municipales sont autant une affaire d’hommes que d’idées. Alors que craindre de telles ou telles « listes communautaires » déclarées ? Si elles mettent en avant des hommes et un programme anti-démocratique, communautaire, elles seront balayées selon le même principe de Liberté évoqué plus haut, et si par aventure, elles sont élues, nous avons toutes les instances démocratiques à commencer par les associations laïques jusqu’aux préfectures pour faire respecter la laïcité et la démocratie. Tout le reste n’est que vie et combat politique ; la meilleure façon de gagner sur ce terrain étant d’y participer par l’engagement politique et associatif et par le vote.

Alors ne devrait-on pas plutôt tirer quelques leçons de cette situation, comme par exemple en actualisant cette consigne de prudence qui a longtemps été affichée dans les gares et sur les passages à niveaux : « Attention ! Un train peut en cacher un autre ». Car, oui, comme les trains, un substantif ou un concept peut en cacher un autre, et l’ignorer peut être tout aussi dangereux et mortel pour notre société : le train de la Diversité, la fraternelle et égale liberté d’être dans la République, ne cachait-il pas celui du Communautarisme qui lui circule en sens inverse vers le repli volontaire ou imposé par les croyances ou l’ostracisme social ? Cela nous invite au mea-culpa et nous incite aussi à rester prudents et vigilants. Mais en toute circonstance soyons républicains : les français doivent mener le combat contre le communautarisme, mais démocratiquement.
Une autre leçon qui découle de la précédente, c’est que notre inquiétude face à ce phénomène du communautarisme, surtout quand il est électoral, est d’autant plus fondée que ce « vivre-ensemble » prôné dans la société française et qui la protège, est le fruit de la Laïcité, à la fois principe, histoire et lois. Une laïcité qui est pour les uns si abstraite et pour les autres devenue si évidente, que beaucoup ne la pensent plus au quotidien, ne pensent plus à l’interroger, à s’interroger sur la solidité qu’elle confère à nos institutions en séparant les Églises de l’État et en garantissant la liberté de conscience. Aussi, même si elle est sans cesse convoquée et expliquée, et bien considérons qu’elle ne le sera jamais assez.
Alors, oui la République commence dans la commune, mais elle y finit également en en faisant le barycentre de l’expression quotidienne de la démocratie française. Il faut donc en prendre soin : c’est l’enjeu du vote de dimanche mais aussi celui des six années à venir.

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