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  • Publié le 24 septembre 2021

La croyance en Dieu recule mais les Français ne sont-ils pas plus dévots ?

Les Français croient de moins en moins en Dieu, selon un sondage Ifop publié, hier jeudi 23 septembre. Qu’a-t-on pu lire ou entendre dans les médias des journalistes membres de l’Association des journalistes d’information sur les religions (Ajir) qui a commandé cette intéressante enquête menée du 24 au 25 août auprès d’un échantillon de 1 028 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, par la méthode du questionnaire auto-administré en ligne et selon la méthode des quotas ?
La réponse : une majorité de Français ne croit pas en Dieu. À la question « Vous, personnellement, croyez-vous en Dieu ? », ils ont été 51% à répondre « non » (contre 44% en 2011 et 2004) nous dit le sondage.
Dans le détail, les sondés les plus croyants se recrutent dans deux tranches d’âge : chez les 65 ans et plus (58% déclarent croire en Dieu ) et chez les 18-34 ans (48% confessent la même chose). Les données INSEE sur les effectifs de la Population par sexe et groupe d’âges en 2021 montrent que les 18-34 ans et les 65 et + représentent 37,9 % de la population française. C’est effectivement bien la population française qui croit de moins en moins en Dieu.

Mais à quel Dieu les réponses font-elles référence ? Le sondage ne le dit pas. Ne dit pas qui est ce Dieu. Sans doute le Dieu abrahamique qui appartient autant aux chrétiens, aux juifs et aux musulmans ? On peut alors imaginer que les résultats de la tranche des 18-34 ans (17%,1) de la population) signent probablement le phénomène d’une jeunesse français musulmane qui se tourne de plus en plus ou fait retour à l’islam, de même que ceux concernant les plus de 65 ans (20,8 % de la population) reflètent l’adhésion à la foi chrétienne.

Interrogés sur l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, 79% des sondés répondent que cet événement n’a pas réveillé en eux de « sentiment religieux » ni de « fibre spirituelle ». Mais 21% ressentent le contraire. Un chiffre qu’il serait hasardeux de rapprocher des 20,8 % de croyants de la tranche des 65ans et + mais quand même. Les dons pour sa reconstruction (840 M € au total) ne proviennent pas majoritairement des particuliers et encore moins des jeunes générations.
D’ailleurs, on apprend que les personnes interrogées parlent de moins en moins de religion en famille. Ils sont 38%, contre 58% en novembre 2009. Et seuls 29% en parlent avec leurs amis (49% en 2009). Par ailleurs, 68% des sondés pensent que les religions « peuvent contribuer à transmettre aux jeunes des repères et des valeurs positives : respect de l’autre, tolérance, générosité, responsabilité ». Ils étaient 77% à le penser en 2009.

Avec l’épidémie, il nous a aussi semblé à tous qu’une partie des Français se sont « précipités » dans les lieux de cultes, à partir du moment où ils ont été rouverts. Mais le sondage semble infirmer cette impression : à la question « l’épidémie de Covid-19 les a-t-elle rapprochés d’une pratique religieuse ? À 91%, les interviewés disent « Non » . Seuls 9% répondent par l’affirmative. Pourtant en général, quand la science ne donne pas de réponse, les gens se tournent pour trouver une explication rassurante dans le divin et vont dans les églises. La religion c’est alors la réponse.

Alors dans le contexte fragile actuel et la période très difficile que nous venons de traverser à quoi peut-on attribuer cette perte de foi, ce basculement dans l’incroyance ?
Est-ce la faute au monde moderne ? Georges Bernanos écrivait dans La France des robots « On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas tout d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. ». Cela ferait donc véritablement de la religion la réponse ! Mais ce serait aussi oublier l’histoire chrétienne et la conversion de Paul qui a conduit à l’invention de la foi, au dédoublement de la croyance en Dieu et à la création des deux sources ou deux souches de la religion que nous connaissons désormais bien comme d’un côté l’expérience de la croyance, de la foi, et de l’autre l’expérience de la sacralité, du sacré et du saint, du sauf, du respect (de la Loi), du scrupule.

Cette seconde source est relativement autonome par rapport à la première : on peut se tenir en présence du sacro-saint sans acte de croyance. Faire silence quand on entre dans une église, y aller sans être croyant pour méditer dans le calme, observer scrupuleusement les préceptes de la loi religieuse sont la manifestation de cette seconde source de la religion. On pourra y ajouter la médiation et les retraites, le recueillement et les rassemblements, les processions et les célébrations publiques et diffusées des fêtes, le halal,.. On pourrait encore y ajouter dans un ordre beaucoup plus préoccupant, tous les phénomènes médiatiques moralisateurs et accusateurs et notamment les campagnes de harcèlement, les procès en incroyance pour non respect des préceptes de l’islam des réseaux sociaux.
Ces faits religieux ou pratiques ne sont-ils pas en augmentation dans notre société ? La réponse est oui. Tous ces phénomènes de manifestation du religieux, du fait religieux croissent en France jusqu’à diviser l’opinion et la société française, menacer en certains lieux sa cohésion.

Tout cela traduit pourtant dans notre République, la pleine mise oeuvre du principe de la liberté de croire ou de ne pas croire. Cela questionne donc en retour la laïcité et son application.
La conscience dans sa liberté doit-elle être interrogée ? Une fois révélée ou avouée, la croyance n’est-elle pas condamnée à être « performée », manifestée pour apporter la preuve de son existence.
Ce que révèle en creux ce sondage c’est que si les Français ne croient plus majoritairement en Dieu, ils n’en sont pas pour autant moins religieux.
Moins croyants, mais plus dévots. Un autre sondage, une autre étude s’impose.

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