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  • Publié le 17 décembre 2022

Nord-Syrie : les chrétiens syriens passeront Noël sous la menace d’une opération turque

De 100 000 avant la guerre, les chrétiens du nord-est de la Syriene ne sont aujourd’hui plus que 20 000 à vivre dans un territoire où le manque d’eau et d’électricité chronique et la dévaluation de la monnaie nationale crééent des conditions de vie « vraiment insupportables » accrues par la menace d’une offensive terrestre turque, qui pourrait être déclenchée à tout moment.
Telle est la situation sur le terrain pour la communauté à l’approche de Noël, une situation préoccupante et des conditions extrêmement difficiles, comme l’a décrit le patriarche syrien catholique Ignace Joseph III Younan qui a récemment effectué une visite pastorale dans l’archidiocèse de Hassaké-Nisibi.
À son retour de six jours passés avec la communauté locale, le primat a raconté au National Catholic Register une « visite pleine de tristesse et d’angoisse, mais aussi de défis et d’espoir » dans une réalité qui connaît une « via Crucis » continue depuis 12 ans.

Sanctions et négligence internationale

La dévaluation, la crise économique, le chômage, la guerre et la menace turque ont bouleversé la vie d’une communauté autrefois florissante. Aujourd’hui, une famille moyenne dispose à peine de 30 euros par mois, explique le patriarche, « mais le constat le plus douloureux a été l’absence de jeunes dans les paroisses et les centres pastoraux, qui étaient les lieux les plus fréquentés par les jeunes ». La guerre et le manque de travail ont vidé la région des jeunes gens. Pour les communautés chrétiennes déjà très réduites, « cela représente un défi des plus dangereux pour notre survie sur la terre natale depuis des millénaires », a déclaré le patriarche. Le patriarche lui-même, lors de sa visite, a été témoin du déclin dramatique de la présence chrétienne dans la région. « Quand j’étais jeune prêtre, dans les années 1970, la communauté chrétienne du nord-est de la Syrie - tous réfugiés de l’Empire ottoman - représentait plus d’un tiers de la population, soit quelque 100 000 personnes. À l’heure actuelle, ils sont moins de 20 000, car la plupart d’entre eux ont été contraints par les bandes terroristes de l’E.I et le chaos ambiant à fuir, soit à l’intérieur de la Syrie, soit de l’autre côté de la frontière », a déclaré le patriarche Younan. Au cours de cette visite pastorale, le primat a célébré l’intronisation et l’installation du nouvel archevêque syrien catholique Jacob Joseph Shimei à la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption à Hassaké.
Dans son homélie, le patriarche Younan a relayé les nombreux appels du pape François pour la Syrie « tourmentée », un pays qui « souffre plus que tout autre » et que « 12 ans de tourments sont suffisants ». Il n’a pas ménagé ses critiques à l’égard de ceux qui, en Occident, poursuivent la politique de sanctions « injustes » qui broie un peuple à bout de souffle et qui frappent « avant tout des innocents, qui veulent vivre dans la dignité et avec un esprit patriotique sincère ».
Dénonçant la négligence de la communauté internationale et des gouvernements occidentaux, le patriarche a rappelé comment les chrétiens, tout en étant reconnaissant pour ce que l’Église a fait et fait pour soulager les souffrances du peuple, sont conscients que les institutions ecclésiastiques ne sont pas en mesure de donner les bonnes réponses à une situation extrêmement compliquée au niveau national, régional et mondial. « Nous, chrétiens du Moyen-Orient, a-t-il conclu, nous sentons non seulement abandonnés, mais aussi trahis » et « notre survie même » est en jeu.
Les propres parents d’Ignace Joseph III Younan étaient originaires de Hassaké. Ils ont fui en 1918 lors du terrible génocide perpétré par l’Empire ottoman.
Aujourd’hui la menace turque est à nouveau d’actualité, avec l’opération « Epée et Griffe » lancée par Recep Tayyip Erdogan, qui devrait inclure une offensive terrestre et d’inévitables nouvelles effusions de sang. Jeudi 15 décembre, le président turc a relancé la proposition de pourparlers et de normalisation des relations avec Damas, mais les Kurdes du nord-est de la Syrie restent la cible principale à frapper, ce qui finit par toucher également les chrétiens.

Image : Patriarcat syrien catholique

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