«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

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  • Publié le 26 mars 2021

Persévérer « quoi qu’il en coûte »

Lundi 22 mars, par 42 voix contre 7, le conseil municipal de Strasbourg a voté une délibération approuvant « le principe d’une subvention » de 2,563 millions d’euros « pour la construction » de la mosquée Eyyub Sultan située dans le quartier de la Meinau. Le projet de construction de ce lieu de culte est porté par la Confédération islamique Millî Görüs (CIMG), une fédération musulmane turque dans le collimateur du ministre de l’intérieur, notamment pour être l’une des quatre fédérations musulmanes à avoir refusé de signer la Charte des principes de l’islam de France du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM). La réaction de Gérald Darmanin ne s’est pas fait attendre. Dans la nuit de lundi 22 à mardi 23 mars, il s’en est pris sur Twitter à la « mairie verte de Strasbourg », l’accusant de financer une « mosquée soutenue par une fédération (…) qui défend un islam politique ». Plus tard toujours sur Twitter, le ministre s’est récrié : « Vivement que tout le monde ouvre les yeux et que la loi séparatisme soit bientôt votée et promulguée. » avant de demander à la préfète du Bas-Rhin de saisir la justice administrative au sujet de cette délibération.
La maire EELV de la capitale alsacienne, Jeanne Barseghian a rejeté cette accusation en arguant qu’elle n’a « jamais été alertée sur ce projet » par les services de l’État, que la décision du conseil municipal de Strasbourg avait été prise conformément au Concordat et au droit local en vigueur en Alsace-Moselle et que de surcroit son versement interviendra ultérieurement, après poursuite des échanges avec les porteurs du projet de mosquée – sur le plan de financement, la transparence du projet et la confirmation de leur adhésion aux valeurs de la République -, en lien avec les représentants de l’État.
Si les déclarations anti-laïques et anti-républicaines du Millî Görüs ne font pas débat et doivent être traitées en conséquence, en revanche, contrairement à ce que le ministre de l’intérieur a souhaité dans son dernier tweet, l’adoption rapide de la loi confortant « le respect des principes de la République », n’aura aucun effet sur cette situation. Faut-il rappeler que le maintien de l’exception dérogatoire à la loi de 1905 de l’Alsace-Moselle a été inscrit dans le projet de loi par le gouvernement et que celui-ci a persévéré à le défendre avec sa majorité face aux amendements contraires déposés à l’Assemblée nationale, notamment par la France insoumise. Cet épisode donne de manière criante la première démonstration d’une limite à ce projet de loi, à son efficacité.

Efficacité encore. Celle des mesures sanitaires de samedi dernier contraignant 16 départements (19 ce soir) est déjà largement mise en doute par le corps médico-scientifique et de nombreux élus. Les chiffres des indicateurs s’envolent sous les yeux de français apathiques, insouciants voire irresponsables et sans nouvelle et vigoureuse réaction des pouvoirs publics. Il semble désormais que le « quoi qu’il en coûte » salutaire de la doctrine sanitaire du premier confinement se soit mué en un « quoi qu’il en coûte » à marche forcée, celui de la doctrine économique et politique et de ses échéances et objectifs, plus lointains, plus dénués de réalité.

Quelques philosophes ont réfléchi sur l’essence de la réalité. Qu’ont-ils compris ? Que l’essence de la réalité, il est vrai, réside dans la persévérance. L’essence de la réalité est dans la liberté qui consiste à vouloir. Mais l’essence de la liberté qui consiste à vouloir réside dans la persévérance à l’intérieur de ce que je veux. La conséquence de la persévérance est alors : plus je persévère dans ce que je veux, plus cela devient nouveau, neuf. Ceci traduit bien que la persévérance est la meilleure manière de nous diriger vers la nouveauté de l’histoire que nous soyons citoyen, scientifique, politique, gouvernant,...
Donc, formidable, la persévérance est une force de vie ! Mais en même temps, il faut ouvrir les yeux, la persévérance peut être aussi la pire des choses. Par la persévérance, je peux transformer l’erreur en vérité et transformer un mal en un bien. Je peux me faire reconnaître, acquérir une légitimité sociale et finalement il y a des gens qui se disent, au fond cette personne est quand même très forte, il est capable d’aller jusqu’au bout ! Dans l’absolu, c’est pas mal d’aller jusqu’au bout : il y a tellement de velléitaires autour de nous. La persévérance fascine. Elle a un pouvoir incroyable ! Mais à quel prix ?
Ne serait-ce pas pour cela qu’il y a un climat extrêmement malsain qui se développe ces derniers jours autour de la persévérance présidentielle ? La persévérance, on l’a dit, est une qualité extraordinaire : c’est la force de vie des êtres mais c’est aussi la force de mort des êtres. C’est la force de mort parce qu’à un moment on va vers le néant, vers le démoniaque dans le sens où l’on va jusqu’au bout. Cela s’appelle la passion. Nous sommes à quelques jours de Pâques et les chrétiens viennent d’entrer dans la passion du Christ : il a été jusqu’au bout ! Le diable aussi va jusqu’au bout ! Je vais me perdre et je vais perdre le monde entier avec moi.
La persévérance et la pulsion du néant sont une même chose. Ainsi, à un moment, à travers la persévérance, on peut avoir non seulement un pouvoir sur l’histoire, sur la société mais on peut aussi aller dans le néant en se damnant. Quelqu’un qui persévère ainsi, n’est pas seulement quelqu’un qui paralyse la société, c’est quelqu’un qui paralyse l’esprit. C’est là où il nous faut réfléchir et comprendre : le problème de la persévérance est le problème de la condition humaine. C’est le problème de la maladie, de la souffrance et de la mort. Et la pandémie nous en offre le terrible écrin.
Ce qui fait la difficulté de la condition humaine : c’est qu’elle est autant marquée par des choses merveilleuses, pleines de vie, que par des choses terrifiantes pleines de mort. La condition humaine est capable de sainteté et de damnation. En ce sens, si l’humanité est malade, c’est qu’elle est en exil de ce qui se trouve autour d’elle et en elle. Il y a en nous des forces de vie et des forces de mort. Et ce qui est plus ennuyeux, c’est que cette rencontre de la vie et de la mort, se fait à l’intérieur même de quelque chose d’admirable : la persévérance.
Rien n’est plus magnifique que l’homme persévérant et rien n’est plus terrifiant que l’homme persévérant. Alors « quoi qu’il en coûte », appliquez les gestes barrières, la distanciation et faites vous vacciner dès que possible !

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Solidaires !

L’invasion de l’Ukraine par la Russie ne doit laisser personne indifférent !!! Outre les condamnations, en 2024, il faut continuer d’agir pour redonner et garantir son intégrité territoriale à l’Ukraine afin d’empêcher tout autre pays de suivre l’exemple terrible de "l’opération spéciale" russe.

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