«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

Cet article est en consultation libre

  • Publié le 22 juin 2018
  • Mise à jour: 24 juin 2018

Tout est politique

En matière de radicalisation, les spécialistes mais aussi les élus sont désormais unanimes pour attribuer une cause plus sociale que religieuse au phénomène. La pauvreté, le chômage, l’exclusion socioculturelle développent le sentiment de perte d’identité voire même d’absence d’identité chez les jeunes avec la conséquence que l’on sait : ce que l’on ne trouve pas en soi et autour de soi on va le chercher, le compenser ailleurs et autrement. Tous ces acteurs de la réflexion et de l’action de prévention et de lutte contre la radicalisation religieuse et terroriste le savent mais ne peuvent à leur niveau que traiter les effets de cette situation sans jamais pouvoir agir de manière probante sur les causes. Les causes premières nous les connaissons. Ce sont celles de l’histoire française et européenne de ce dernier siècle ; l’immigration et le recours aux colonies avec l’incorporation de contingents pour faire la guerre puis le recours à la main d’oeuvre pour reconstruire les pays et participer ensuite à leur assurer la prospérité économique des « trente glorieuses ». Les dernières, c’est la négation des premières à laquelle s’ajoutent crises économiques, conflits du Moyen-Orient et Daech.
Alors quelle solution autre que politique pourrait enrayer le phénomène de la radicalisation ? Aucune. Nous n’avons que la démocratie et tout ce qu’elle promet en matière d’Égalité et de Liberté et qu’elle vise à être en matière de Fraternité. Comme le stipule l’article 1 de la constitution de 1958 « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances (...)  ».
Pourquoi rappeler cela ? Précisément parce que la réalité montre que cela ne suffit pas. Et si l’affirmation « Tout est politique » n’en reste pas moins vraie dans sa forme, elle est souvent vidée de contenu, d’idées, de valeurs, je dirai même de piété envers la démocratie. Ce faisant elle déshumanise la République et son principe moteur « La laïcité » considérée, ce qui lui est souvent reproché, comme un corpus législatif auquel il convient de redonner de la matière vivante, du sens. C’est précisément sur ce mot « sens » que s’appuient les « exégètes » (souvent croyants) de « La laïcité » pour investir sa dimension jurisprudentielle et la subdiviser en laïcité du droit, du terrain (humaine) et des croyances (!). Il est intéressant de voir comment ils soumettent « La laïcité », à une analyse plus fine de ces trois champs ; analyse universitaire de ses termes, sociologique de ses principes et plus symbolique et spirituelle de ses applications.
Il serait trop long ici d’argumenter sur ces trois champs d’analyse. Mais pour ce qui est du dernier qui s’apparente à une quête du sens de la présence symbolique du religieux et du sacré dans la société (monument, attitude, coutume, culture) et du rapport (interaction) qu’ils construisent avec le principe de neutralité de l’espace public, il faut tout de même noter que lorsque l’on commence à chercher le sacré partout, on va rapidement considérer que ne pas le percevoir ou savoir le percevoir est une forme d’ignorance ou pire encore, un handicap pour comprendre et vivre pleinement notre société. A contrario ceux qui disposeraient d’une culture religieuse se trouveraient en devenir une élite (!). On pourrait craindre alors, dans cette quête du sens de la société, de passer du « Tout est politique » au « Tout est religieux ».
Mais au fond qu’est-ce que la Religion si ce n’est ceux qui en font partie et rien que ceux qui en font partie ?
Et qu’en déduire alors pour la République ?

Olivier Konarzewski

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