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Cet article est en consultation libre

  • Publié le 14 octobre 2021
  • Mise à jour: 15 octobre 2021

RELIEN : un programme pour promouvoir le dialogue interreligieux dans l’entreprise

Au dialogue social en entreprise, doit-on ajouter le dialogue inter-religieux ? C’est ce que propose sur le territoire du Rhin Supérieur, le programme de formation « RELIEN : entreprise et religion » porté par l’Université de Strasbourg. L’initiative qui joue la carte du savoir face au risque de marginalisation socio-religieuse des salariés mais aussi des jeunes futurs salariés semble prendre à contre-pied les résultats d’un tout dernier sondage qui décrit des salariés « plutôt réticents » à l’expression religieuse au travail. Explications.

Dans le contexte social et international actuel, marqué par des tensions à caractère religieux, le fait religieux est un sujet que les entreprises n’aiment en général pas aborder publiquement : l’affirmation du fait religieux dans le monde du travail ne va pas sans heurts. Pourtant aujourd’hui, dans tous les secteurs, en France comme en Europe, des managers sont confrontés à des comportements ou à des manifestations du religieux plus ou moins affirmés. Si toutes ces manifestations religieuses ne constituent pas forcément un obstacle à la conduite de l’activité, elles sont diversement acceptées parmi les travailleurs, avec comme invariant : plus elles sont ostentatoires, moins elles sont tolérées. C’est le principal enseignement que livre le sondage réalisé par Harris Interactive pour l’Institut supérieur du travail (IST), le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et Le Point, publié ce jeudi 14 octobre.

RELIEN : une réponse à une demande sociale

Aussi, l’offre du programme de formation « RELIEN : entreprise et religion » développé par l’Université de Strasbourg et ses partenaires universitaires [1] et institutionnels français, allemands et suisse, peut donc sembler aller à rebours des enseignements du sondage et de la méfiance des salariés vis à vis du religieux. Mais l’initiative menée sur le territoire transfrontalier du Rhin Supérieur (France, Allemagne et Suisse) dépasse le cadre du lieu de travail. Outre apaiser les tensions religieuses dans les entreprises par un apport de connaissance, elle ambitionne aussi de favoriser l’insertion des jeunes et des populations de migrants sur le marché de l’emploi transfrontalier, d’accélérer leur intégration grâce à une offre de formation adaptée à ces différentes situations. Francis Messner, Directeur du projet RELIEN confirme : « Ce qui est visé ici c’est non seulement la dimension interreligieuse au sein de l’entreprise et le statut de l’expression religieuse sur le lieu de travail, mais également la dimension interreligieuse propre à chaque religion qui englobe la connaissance des croyances de l’autre, des autres religions » insiste le directeur de recherche émérite au CNRS, professeur conventionné à l’Université de Strasbourg ou il a fondé la chaire d’Islamologie et co-auteur avec Pierre-Henri Prélot et Jean-Marie Woehrling du Droit français des religions (notre article).

Un partenariat multi-acteurs au service du vivre ensemble

Au départ appuyé sur deux diplômes universitaires, un DU et un M1, et après avoir trouvé l’intérêt d’un jeune public intéressé par les études et « gagné » à la cause de l’inter-religieux, le projet co-financé par le Programme européen Interreg, s’est ouvert à la société. « Nous avions l’ambition d’ouvrir nos formations afin de sensibiliser un public plus large. C’est pourquoi aujourd’hui ce sont les collectivités et les associations qui portent le projet RELIEN » souligne Francis Messner expliquant qu’après plusieurs tests menées avec l’association strasbourgeoise AMSED (Association Migration, Solidarité et Echanges pour le Développement), les contenus des formations du programme RELIEN seront bientôt disponible en ligne sur le site du programme. « L’ambition du projet était d’en faire aussi des modèles qui soient repris, des mécanismes innovants de formation à l’inter-religieux et à l’interculturalité », précise-t-il encore.
Le projet rassemble d’ores et déjà des acteurs économiques (la Société Industrielle de Mulhouse et la Chambre de Commerce et d’Industrie Alsace Eurométropole), des collectivités territoriales (la collectivité européenne d’Alsace, la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg, la Ville de Mulhouse), des associations (à Strasbourg : l’AMSED, l’association Foyer Notre Dame, L’Ecam Strasbourg-Europe-Ecole d’ingénieurs, l’Institut Al-Andalous, l’association Sabari Kagni ; l’association Noumidia de Mulhouse) ainsi que des Institutions religieuses (La Grande Mosquée de Strasbourg et la Mosquée de Mulhouse / Centre An-Nour). Les contacts avec d’autres institutions se poursuivent afin de densifier cette offre de formation sous ses différentes formes (séminaires, ateliers, conférences, journées d’études, plateforme d’enseignement à distance).
Mais alors quid des syndicats de salariés ? Le Professeur Francis Messner l’assure : « les syndicats de salariés, acteurs du vivre-ensemble en entreprise, ont toute leur place dans ce programme ». Leur participation devraient en effet faciliter la réalisation d’un des objectifs du projet : constituer un réseau d’acteurs en capacité de promouvoir la mobilité de salariés sur le territoire du Rhin Supérieur.

[1Le projet « RELIEN : entreprise et religion » est porté par l’Université de Strasbourg en collaboration avec l’Université de Haute-Alsace, le CNRS, l’Université de Koblenz-Landau et l’Université de Bâle.

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