Malgré les scandales, les catholiques continuent de donner à l’Église
Si l’on en croit les chiffres communiqués par l’épiscopat le 9 décembre dernier, la crise des abus sexuels n’aura pas eu d’incidence sur le montant global donné au denier de l’Église dont le montant est « le plus élevé depuis 2017 ». Une hausse qui s’explique notamment par le profil des contributeurs – moins nombreux mais plus généreux mais également par une fidélité des catholiques à leurs paroisses.
En 2021, le total des 4 ressources de l’Église s’est élevé à 537 M€, en hausse de 10% par rapport à 2020 et de 2% par rapport à 2019. Ce montant est le plus élevé enregistré depuis 2017 (541 M€). Plus de 90 diocèses enregistrent un total des ressources courantes supérieur en 2021 par rapport à l’année précédente.
En 2020, le confinement avait eu un impact très lourd sur les finances de l’Eglise. Malgré la mobilisation des fidèles (+10% de dons au denier par rapport à 2019), les effets de la pandémie avaient néanmoins entrainé une baisse de -7% du total des dons courants, soit une perte de près de - 40M€.
En 2021, malgré des circonstances défavorables (suite de la crise sanitaire jusqu’à l’été, baisse du nombre de donateurs au denier et choc du rapport de la CIASE), l’Église aura collecté le montant « le plus élevé jamais enregistré depuis 2017 » indique le communiqué de la conférence des évêques de France.
Qui donne ?
Parmi les 50% des français qui se déclarent catholiques, seul un quart d’entre-eux pratiquent. Mais les pratiquants comme les non-pratiquants se déclarent prêts à donner, et donnent. Ainsi, signale le communiqué, 85% des pratiquants font au moins un don (denier, quête,...) à l’Église par an (35% seulement participent au denier). Quant aux non-pratiquants, ils sont 59% à faire au moins un don par an (mais quasiment jamais au denier). Toutefois, si le nombre de donateurs au denier est « en baisse continue » entre 2016 (1,1 million de foyers) et 2020 (977 000), son montant moyen augmente (226 euros en 2016, 274 euros en 2020).
En 2021, le denier baisse à nouvau de 8 % par rapport à 2020, mais les trois autres ressources (les quêtes, les offrandes de messe, le casuel [1]) augmentent.
Le résultat de 2021 démontre donc une certaine résilience des catholiques français face aux crises (pandémie, scandales des abus sexuels sur mineurs) et un fort attachement à leurs paroisses.
A quoi servent les dons ?
Dans l’Église, les dons des fidèles financent exclusivement les charges de fonctionnement courant des paroisses et des diocèses. Il s’agit principalement des traitements des 13 121prêtres et les salaires des 8 700 laïcs (soit 44 %) ; des charges de maintenance des églises, salles paroissiales, patronages, logements des prêtres (soit 20%) ; des dépenses de fonctionnement (déplacements, reprographie, fluides...) et d’action pastorale (catéchèse, pèlerinages, communication...) qui représentent le solde, soit 36%. Très souvent, ces dons ne couvrent les dépenses que jusqu’au mois d’octobre signale le communiqué de la CEF. En 2021, le déficit de fonctionnement de 139 M€ a été couvert par les produits financiers et immobiliers nets des frais financiers (56 M€) ; les cessions d’actifs immobiliers (50 M€) ; les legs (près de 114 M€). Tous les diocèses sont désormais engagés à faire des efforts de révision et de diminution de leurs dépenses afin d’équilibrer leur trésorerie de fonctionnement. En 2022 et 2023, ils devront, eux aussi, faire face au retour de l’inflation et à la crise énergétique.
Augmenter de 20 % la collecte du denier pour faire face à la crise
L’impact de la crise économique et énergétique se ressentira davantage au sein des diocèses et des paroisses car contrairement aux entreprises et aux ménages, ils n’ont pas droit aux dispositifs publics de protection contre les effets de la crise énergétique. La CEF s’inquiète d’une hausse de la facture énergétique de 125 millions d’euros sur l’ensemble de 2022 et 2023, soit +15 %. Cette facture de chauffage et électricité représente 11,5 % des charges de fonctionnement (hors masse salariale) des diocèses et des paroisses. Pour « traverser ce choc » énergétique et l’inflation, elle mise sur une augmentation de 20 % du denier du culte, qui a représenté en 2021 près de la moitié des dons courants. Par ailleurs, la CEF a indiqué avoir décidé d’augmenter le traitement des 13 114 prêtres de 2,5 % au 1er janvier. Il passera ainsi de 984 euros à 1 009 euros net mensuels.
[1] Le casuel, « offrande du passage », est un don fait par les gens qui demandent à l’Église de les accompagner aux moments-clés de leur vie. Il est remis par exemple par les familles au moment de la célébration d’un baptême, d’un mariage ou de funérailles. (définition donnée par le communiqué)
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