L’Église catholique française face aux cas d’abus impliquant 11 évêques
A Lourdes, le 7 novembre 2022, le président de la Conférence des évêques catholiques de France (CEF) a exprimé le choc de ses collègues prélats en révélant que 11 évêques français, anciens ou en fonction, ont été accusés d’abus sexuels ou de ne pas avoir signalé des cas, y compris un cardinal qui a admis avoir agressé une jeune fille il y a plus de trois décennies. Hier, il a annoncé réformes importantes de l’institution pour faire face à ces situations et y éliminer tout sentiment d’impunité.
Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, a déclaré aux journalistes lors d’une conférence de presse à Lourdes le 7 novembre, dans le cadre de leur assemblée générale d’automne, que certains hauts responsables de l’Église risquaient des poursuites pénales ou canoniques, voire les deux. Parmi eux, l’ancien archevêque de Bordeaux, le cardinal Jean-Pierre Ricard, qui a été deux fois président de la CEF, et qui est actuellement membre du Dicastère pour la Doctrine de la Foi.
Dans un message adressé à la CEF et lu par Mgr de Moulins-Beaufort, le cardinal Ricard a reconnu avoir eu « un comportement répréhensible envers une jeune fille de 14 ans » il y a 35 ans, alors qu’il était prêtre.
« Il ne fait aucun doute que mon comportement a causé des conséquences graves et durables pour cette personne », a déclaré le cardinal de 78 ans, ajoutant qu’il a demandé pardon à la femme et à sa famille, et qu’il partait en retraite pour prier.
Mgr de Moulins-Beaufort a déclaré à la presse que la confession publique du cardinal Ricard était « un choc » pour les évêques.
Son cas porte à onze le nombre d’évêques français accusés d’abus sexuels. Parmi eux, Mgr Michel Santier, évêque de Créteil, a été sanctionné par le Saint-Siège pour « abus spirituel ayant conduit au voyeurisme sur deux hommes adultes », même si la nouvelle de cette sanction canonique n’a été révélée que ces dernières semaines.
11 évêques accusés dans des affaires d’abus sexuels
Selon Mgr de Moulins-Beaufort, six autres évêques, dont l’un est décédé depuis, ont déjà été accusés d’abus sexuels soit par l’État, soit par la justice de l’Église. Deux autres évêques retraités font l’objet d’une enquête des autorités françaises et sont également visés par une procédure de l’Église. Un autre évêque a été signalé aux autorités, mais les procureurs n’ont pas encore répondu, tandis que le Saint-Siège l’a suspendu de ses fonctions. Enfin, un évêque, André Fort, a été condamné en 2018 à une peine de prison avec sursis de huit mois.
Commentant le cas de Santier, le président des évêques français a admis qu’il y avait eu « de graves lacunes et dysfonctionnements à tous les niveaux ».
Un an après le rapport Sauvé
Les dernières révélations surviennent un peu plus d’un an après la publication du rapport de la CIASE qui a confirmé l’existence d’abus généralisés sur des mineurs par des prêtres, des diacres et des membres laïcs de l’Église depuis les années 1950. Le rapport de 2 500 pages publié le 4 octobre 2021, après deux ans et demi d’enquête, a révélé qu’un total estimé à 330 000 personnes en France avaient été victimes d’abus sexuels au sein de l’Église dans leur enfance sur une période de soixante-dix ans. Après cette publication, les évêques se sont engagés à prendre des mesures concrètes et à changer d’approche pour lutter contre le fléau des abus sexuels dans l’Église.
L’assemblée générale de la CEF, qui s’est terminée le 8 novembre, était principalement axée sur l’amélioration de sa communication et de sa transparence concernant les allégations historiques de crimes sexuels contre le clergé.
« Bouleversés mais résolus »
Dans le message final de l’assemblée générale publié le 8 novembre, la CEF a réaffirmé « dans les termes les plus forts » qu’ « il ne peut y avoir d’impunité pour les évêques » et qu’elle partage le « choc » ressenti par « tant de fidèles, de prêtres, de diacres et de personnes consacrées. Ces sentiments sont aussi les nôtres. En tant que membres du même corps ecclésial, nous sommes nous aussi blessés, profondément affectés », peut-on lire dans la déclaration.
À l’ouverture de l’assemblée le 3 novembre, le pape François avait adressé aux évêques un message les invitant à « ne pas se décourager » face à ce moment difficile, mais à « persévérer », le « regard fixé sur la Croix du Christ ». Les évêques lui ont répondu avec la mise en place d’une justice canonique intégrant des laïcs au sein de son tribunal et le renforcement des pratiques d’enquêtes avec notamment la décision de consacrer la session doctrinale 2023 à la formation juridique, canonique et pastorale sur les bonnes pratiques en cas de situation préoccupante ou de soupçons d’infraction.
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