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  • Publié le 26 mars 2021
  • Mise à jour: 2 avril 2021

Pédocriminalité : l’Église catholique a décidé « d’assumer sa responsabilité devant la société »

Aujourd’hui, la Conférence des Évêques de France a clôturé son assemblée de printemps en annonçant des décisions très fortes pour lutter contre la pédocriminalité au sein de l’Église catholique de France : mise en place au niveau national d’un dispositif d’accompagnement de l’action pastorale, nomination d’un référent « protection des mineurs », création d’un Conseil pour la prévention et la lutte contre la pédophilie. Elle versera également aux victimes une contribution financière par le biais d’un fonds de dotation. Suite à toutes ces décisions, l’association la « Parole libérée » a annoncé sa dissolution.

Ce vendredi 26 mars, l’Assemblée plénière de printemps de la Conférence des Évêques de France CEF a conclu ses travaux lancés en novembre 2018 sur quatre dimensions de la lutte contre la pédophilie : volet mémoriel, accompagnement des auteurs, prévention et dimension financière. Les onze résolutions annoncées ce 26 mars ont matière à rassurer toutes les parties concernées en détaillant les modes de responsabilité que l’Église catholique de France reconnaît avoir à l’égard du passé, du présent et de l’avenir.
S’agissant du volet mémoriel, la CEF a décidé d’instituer un Lieu national de mémoire et une journée de prière pour les personnes victimes de violences et agressions sexuelles et d’abus de pouvoir et de conscience au sein de l’Église. La première aura lieu le 12 mars 2022.
Au niveau national outre le dispositif d’accompagnement des auteurs d’actes et d’infractions (création de structures d’accueil), la CEF crée un Conseil pour la prévention et la lutte contre la pédophilie. La prévention, qui est désormais inscrite au cœur des activités de la CEF avec la nomination d’un Référent protection des mineurs dans toutes les instances, sera également au cœur de la transformation des relations pastorales (Nouveau service national, Équipe nationale d’écoutants). Enfin pour instruire de la manière la plus juste et la plus efficace les faits de pédophilie qui lui sont ou qui lui seraient révélés, la CEF instaure un tribunal pénal canonique interdiocésain pour la France
Quant à l’indemnisation des victimes, la création d’un fond de dotation a été actée. Charge désormais à la Commission financière de la CEF d’achever la constitution de ce fonds auquel les évêques mais aussi des prêtres, des diacres, des fidèles et toutes les personnes qui le voudront, pourront apporter leur participation volontaire et personnelle. Administré par le conseil de ses fondateurs, le fonds de dotation agira en lien direct avec l’instance indépendante d’assistance qui versera à partir de 2022 une contribution financière individualisée ou forfaitaire, selon leur souhait, à chaque victime qui la sollicitera.
Toutes ces résolutions s’accompagnent d’une lettre qui sera adressée d’ici à l’été à tous les catholiques de France et « à tous ceux et celles qui voudront la lire » a souligné Mgr Eric de Beaufort.

Les trois paroles de Mgr Eric de Beaufort

Dans son discours de clôture, Mgr De Beaufort, président de la CEF s’est adressé « en trois paroles » aux trois parties prenantes du drame de la pédophilie dans l’Église catholique. Nous avons décidé de publier in extenso cet extrait car il illustre l’état d’esprit dans lequel l’Église catholique entend aborder ce problème et ses décisions énoncées ci-dessus.

« - la première à l’égard des personnes victimes. Je remercie ceux et celles qui ont parlé et qui nous parlent. Je voudrais les assurer que nous avons pris et prenons leur parole au sérieux. Nous voulons continuer à vous écouter et à travailler avec vous. Nous espérons que les dispositions que nous avons prises contribuerons à votre chemin de vie. Ce qui vous a été arraché ne peut vous être rendu, ne peut être réparé, nous le savons bien, mais nous ne pouvons pas rester sans rien faire, sans rien tenter. Vous avez surmonté comme vous avez pu ce drame. Vous avez construit vos vies, chacun à sa manière chacun selon sa propre histoire. Nous voulons mobiliser les moyens de vous accompagner, matériellement et spirituellement, selon ce que vous désirerez. Nous savons que nous pouvons facilement vous blesser, vous effrayer. Ce que vous avez subi nous révèle une prégnance du mal que nous ne voulions pas regarder. Nous sommes conscients que nos gestes les plus saints ont été utilisés contre vous. Nous en avons du dégoût, nous évêques comme les prêtres et les fidèles, mais nous vous devons de reprendre notre manière d’exercer et de comprendre le ministère apostolique que le Seigneur nous a confié.

- la seconde parole est pour les fidèles catholiques. Vous avez appris ces violences et ces crimes avec effroi, vous en êtes choqués, déçus, bouleversés. Tout le Corps de l’Église se trouve atteint par ce mal mis au jour. Nous devons ensemble prendre soin les uns des autres. Soigner n’est pas qu’un accompagnement plein de douceur. Il y faut aussi des décisions rudes, il y faut toujours un travail de vérité, un travail de diagnostic, rigoureux. Nous voulons le poursuivre au long des années. Nous vous appelons à nous aider à accompagner les personnes victimes. Ceux et celles qui parlent nous aident. Ceux et celles qui ne parlent pas ont besoin de sentir que nous ne chercherons pas à minimiser ce qu’ils ou elles supportent. Notre Église peut gagner en fraternité aussi dans cette attention.

- enfin une parole pour les prêtres. Il est horrible pour vous de découvrir que tel de vos frères a pu commettre de tels actes. Dans la mesure où certains ont abusé de leur ministère, nous tous, ordonnés, configurés au Christ Pasteur, nous nous interrogeons sur notre propre pratique. De quelles ambiguïtés ma manière de célébrer les sacrements, d’approcher les personnes, de recevoir le secret de leur âme, peut-elle être entachée ? Nous découvrons en nos frères la force de pulsions dont nous aurions pu espérer que le sacrement du baptême et celui de l’ordre et le sacrement du pardon nous préserveraient. Pourtant, notre ministère est un ministère de vie et de bonté. Pourtant, le Christ notre Seigneur est bien Celui qui a vaincu la mort et le péché et les sacrements qu’il nous donne de célébrer pour son peuple et la Parole qu’il nous charge de porter font advenir son règne, la libération de l’humanité de tout mal et de toute mort, l’espérance formidable que nos vies terrestres toujours mêlées de mort débouchent dans la communion éternelle. Dans le sacrement du pardon, vous approchez au plus près du mystère des âmes et du péché. Vous êtes témoins du travail de l’Esprit-Saint qui rend un être humain capable de désigner le mal qu’il fait et de choisir de ne pas en rester prisonnier en se mettant sous la force du Christ. Vous êtes les témoins et les agents de l’infinie patience de Dieu qui travaille parfois lentement dans le cœur des pécheurs pour les détacher du mal. Le secret de la confession n’est en rien complicité avec le mal et moins encore complaisance pour des confidences étonnantes. A travers nous, le pénitent s’adresse à Dieu et nous sommes les signes de l’écoute indéfiniment disponible du Dieu vivant. »

La Parole libérée se dissout

Dans la foulée de cette annonce, l’association de victimes d’agressions sexuelles La Parole Libérée, à l’origine des affaires Preynat et Barbarin et qui a largement œuvré à la libération de la parole des personnes ayant subi des violences dans l’Église, a mis fin vendredi à ses activités. « Les membres du bureau ont voté notre dissolution à l’unanimité », a annoncé à l’AFP François Devaux, président de l’association créée en décembre 2015 à Lyon par un groupe de quadragénaires victimes d’un aumônier scout du diocèse de Lyon, Bernard Preynat. Leur combat avait été raconté en 2019 dans le film de François Ozon, « Grâce à Dieu ».

Photo Illustration : Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et Président de la CEF.

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